Le shérif, Obama et ses potes
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Le shérif, Obama et ses potes

Il y a tout de même un shérif dans le far west:

Nakoula Basseley Nakoula, producteur supposé de la vidéo islamophobe qui a déclenché des manifestations et des émeutes dans une grande partie du monde musulman, et dans quelques autres pays, a été entendu par le shérif de Cerritos, bourgade proche de Los Angeles. Lequel n'a rien à lui reprocher à propos de la vidéo, mais va vérifier s'il n'a pas enfreint une disposition de sa liberté conditionnelle: ayant subi une peine d'emprisonnement pour diverses escroqueries, Nakoula avait apparemment interdiction de se connecter à Internet. Comme Al Capone tomba pour fraude fiscale, on arrivera peut-être à lui coller cette entorse sur le dos, pour l'envoyer quelque temps derrière les barreaux du comté, en attendant mieux.

Quand apparut Internet, au tournant du millénaire, ce nouveau far west déchaina bien des peurs, complaisamment véhiculées par les médias traditionnels. "N'importe qui" pourrait désormais fabriquer des bombes artisanales, dans son garage, sur la base de recettes "trouvées sur Internet"; Internet propagerait la pédophilie; Internet favoriserait l'intégrisme islamiste. Ce qui se passe depuis la semaine dernière autour de "L'innocence des musulmans", n'avait pas été anticipé, en tout cas pas sous cette forme, mais pose des questions vertigineuses. Au premier rang desquelles, celle-ci: pourquoi YouTube, filiale de Google, n'a-t-elle pas immédiatement retiré la vidéo, qui contrevient à l'évidence au "règlement de la communauté YouTube", lequel regroupe, comme nous le signalions dès hier, d'excellents principes dont celui-ci: "nous n'autorisons pas les discours incitant à la haine, qui attaquent ou rabaissent un groupe en raison de la race, l'origine ethnique, la religion, le handicap, le sexe, l'âge, le statut de vétéran ou l'identité sexuelle." La Maison Blanche, si l'on comprend bien les signaux contradictoires qui en émanent, a hésité quelques jours avant d'oser poser la question à YouTube. On la comprend, la Maison Blanche. Obama n'a pas envie de se brouiller pour si peu avec ses potes trop cool de la Net Economie. Et puis, on est en période électorale, et il faudrait voir à ne pas fâcher les grands donateurs de la campagne.

Il y en a qui rigolent, ce sont les Chinois. Oui, les Chinois, avec leur presse verrouillée, et leur Internet muselé (enfin, avec une muselière à trous, mais muselière tout de même). Le Figaro relevait samedi un commentaire du Global Times chinois, ricanant devant l'impuissance américaine, et concluant implicitement aux bienfaits d'un certain contrôle d'Internet. On s'en voudrait de rigoler avec les Chinois. Mais entre la paix du monde, et les profits de Google, il y a certains arbitrages qu'on ne va sans doute pas pouvoir déléguer très longtemps au shérif de Cerritos.

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