Le bras d'honneur permanent
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Le bras d'honneur permanent

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Il y a des vidéo-surveillances partout. Dans les supermarchés, dans les parkings, dans les villes et les villages, dans les entrées d'immeubles, aux bouches de métro. On se gratte le nez dans la rue, on est vidéo-repéré en trois exemplaires. Partout, sauf dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, braquée sur le banc du gouvernement. Ainsi, à l'heure où le matinaute matine, n'a-t-il pas encore vu de ses yeux les deux bras d'honneur adressés par le garde des sceaux au président des députés LR, Olivier Marleix (certains croient tout de même avoir vu l'un de ces deux gestes, en l'occurrence le deuxième, dans cet extrait diffusé par LCP).

C'est compliqué, d'interpréter un bras d'honneur. Éric Dupond-Moretti, assure-t-il, n'a pas fait de bras d'honneur à Olivier Marleix, mais à la présomption d'innocence. Plus précisément, il a accusé Marleix de faire lui-même un bras d'honneur à la présomption d'innocence, en mentionnant sa mise en examen à lui, Dupond-Moretti, pour prise illégale d'intérêts, dans un débat sur l'inéligibilité des élus accusés de violences conjugales. Ce bras d'honneur, Votre Honneur, dénonçait les bras d'honneur. C'était un bras d'honneur anti-bras d'honneur. Il n'a pas été compris. Sommé par la présidente de séance, le brasseur compulsif s'excuse néanmoins.

Pour se faire une idée claire du mauvais geste, il faudrait la vidéo, comme au foot. Mais la vidéo n'existe pas. Sauf peut-être dans les archives de la captation des séances à l'Assemblée. Marleix l'a demandée à Braun-Pivet. Yaël Braun-Pivet, vous vous souvenez, cette présidente de l'Assemblée qui garde un œil sévère sur les zadistes de la France Insoumise. Heureusement, ce n'est pas elle qui présidait ce jour-là. Qu'est-ce qu'elle lui aurait mis, à Dupond-Moretti ! (Breaking news : elle est intervenue en coulisses, pour convaincre le présumé innocent de s'excuser).

Ce bras d'honneur ne vient pas de nulle part. L'imposante personne elle-même de Dupond-Moretti, sa présence à ce poste, constitue elle-même un bras d'honneur d'Emmanuel Macron. Au principe, édicté par lui-même, Macron, selon lequel un mis en examen n'a pas sa place au gouvernement. Or le justiciable Éric Dupond-Moretti est mis en examen, dans une affaire inextricable, qui l'oppose au Parquet national financier sur lequel il a, en tant que ministre, autorité. Cette situation devrait, en vertu du simple bon sens, lui interdire de rester ministre de la Justice. Cela n'a pas empêché le président de le maintenir à ce poste, dans un superbe bras d'honneur à l'éthique, au bon sens (et surtout à la Justice financière, la Justice de répression des riches). Ce bras d'honneur n'est que le dernier maillon, le plus visible, d'une République du bras d'honneur permanent.

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