Katmandou Baltimore
Le matinaute
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chronique

Katmandou Baltimore

On s'endort avec les victimes du tremblement de terre de Katmandou.

On est avec les familles sous les tentes plantées dans les parcs, autour des réchauds de fortune, on assiste aux crémations à la chaîne, on est au camp de base de l'Everest menacé par l'avalanche dans la vidéo virale qui a fait le tour du monde. On est avec les touristes qui font la queue dans la panique de l'aéroport. On est avec la cellule de crise du Quai d'Orsay. On attend les répliques. On a froid, on a peur. On calcule vaguement combien de Nepalais vaut un alpiniste occidental. On s'endort quand même.

Et on se réveille dans un autre chaos. On est au milieu des voitures de police en flammes, des supermarchés pillés, des policiers blessés, des hurlements des sirènes. L'Etat d'urgence a été décrété. Le couvre-feu interdit aux jeunes de moins de quatorze ans de sortir après 21 heures. La Garde Nationale a été mobilisée, elle vient de quitter ses casernes, elle arrive. Personne ne sait comment, cette fois, le jeune Noir déclencheur est mort exactement, on élucidera plus tard. On a changé de continent, d'univers, pour revenir dans une pagaille désormais familière depuis, comment ça s'appelait déjà, ah oui, Ferguson. On est à Baltimore (Maryland).

Les journalistes le savent si bien que même la correspondante aux Etats-Unis de Canal+ Laurence Haim, qui twitte pourtant frénétiquement sur Baltimore, en prévient ses confrères américains.

Mais personne n'est à blâmer. C'est ainsi. Cette fois, ce n'est pas la loi du mort kilométrique qui joue, car Katmandou, étrangement, nous serait presque plus proche que Baltimore. C'est la combinaison des lois de la plus grande nouveauté, et de la surmédiatisation de tout événement américain. Une combinaison de lois que personne n'a jamais écrites, mais à laquelle tout le monde se soumet. Face à la Garde Nationale en marche, les rescapés du Nepal n'ont plus que leur détresse à offrir, et elle s'est démonétisée pendant la nuit.  Les policiers blessés de Baltimore ont recouvert les victimes du Nepal, plus sûrement que toutes les neiges de l'Everest. Repassez donc vers la fin de la semaine, quand vous aurez des miraculés.

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