Horaires des marées et journalisme d'investigation
Le matinaute
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chronique

Horaires des marées et journalisme d'investigation

Ce n'est pas encore cette année, que les horaires des marées seront une donnée publique.

Car le saviez-vous, en France, les horaires des marées ne sont pas une donnée publique. Cette donnée appartient pourtant à un établissement public, le SHOM (service hydrographique et océanographique de la marine), lequel ne la donne pas à tous les acteurs privés ou publics de la mer et du littoral, bref à tous ceux qui pourraient en avoir besoin, mais la vend, à partir de 200 euros (je n'ai pas consulté le détail des tarifs).

Les partisans de l'open data avaient pu espérer qu'à la faveur de la loi sur la gratuité et les modalités de réutilisation du secteur public, dite "loi Valter", ces informations, parmi d'autres, seraient rendues publiques et gratuites. Ce sera pour le prochain siècle. Ainsi en a-t-il été décidé, le 2 août dernier, par le secrétaire d'Etat chargé de la réforme de l'Etat, Jean-Vincent Placé (mais oui, Placé est ministre, même si personne ne s'en est aperçu), lequel a pris un décret, qualifié de "frileux" par les vigies de "Regards citoyens", inlassables combattants contre les données opaques ou inaccessibles.

Pourquoi vous parler ce matin de cette question des horaires de marées, sans aucune actualité (le décret date du 2 août), alors que se bousculent les sujets plus dignes d'intérêt ? Alors que l'on apprend, par exemple, que Elise Lucet vient d'éparpiller Michel Field contre les murs de France Télévisions, en obtenant finalement que l'enquête d'Envoyé Spécial sur Bygmalion soit diffusée sur France 2 le 29 septembre, soit en pleine "primaire de la droite" ? Parce que je l'apprends ce matin, pardi, en lisant la remarquable enquête des Décodeurs du Monde, consacrée à "Tout ce qui a été voté pendant vos vacances d'été". Il faut la lire en détail. De l'adoption de la loi Travail à la renonciation à taxer l'huile de palme, en passant par l'ouverture prochaine d'un pont sur l'Oyapock, inutilisé depuis sa construction en 2011, entre la Guyane française et le Brésil, c'est un catalogue ébouriffant des inerties reptiliennes de l'administration française, et de tous les coups en douce que l'administration essaie de planquer sous le tapis.

Même si aucune des mesures listées par cet article n'est classée Secret défense, même si toutes les trouvailles des Décodeurs sont consignées au JO, ou dans d'autres publications officielles, leur recension est bien un travail d'investigation à proprement parler, autant que la diffusion d'un témoignage inédit sur Bygmalion. Une investigation qui ne réclame aucun subterfuge particulier, rien d'autre que l'effort de s'arracher à l'attraction de l'actualité immédiate, effort plus rude que de s'arracher à l'attraction terrestre. Plus efficace que les grosses manoeuvres de Field et Sarkozy, plus implacable que les pressions politiques et économiques, plus invisible encore que les autocensures les plus intimes, est la dictature du calendrier.

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