Gaspard Glanz, extérieur nuit
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Gaspard Glanz, extérieur nuit

C'est un spectacle totalement inédit, que montrent les dernières vidéos de Gaspard Glanz. Terminés les violences, les affrontements, les fumigènes. Face aux CRS chargés d'invisibiliser les migrants de la Porte de la Chapelle, à Paris, Glanz ne filme plus que son combat juridique pour le droit à filmer.  C'est justement Porte de la Chapelle, qu'a été tournée une de ses séquences les plus saisissantes, montrée dans notre dernière émission (à 36 minutes). Aucune brutalité, aucune arme. Le dialogue entre deux hommes, le journaliste et un CRS.

Extérieur nuit. Le CRS se dirige lentement vers l'homme qui le filme. Dialogue sans fioritures, entre professionnels. "Vous ne portez pas de matricule visible ?"  "Je peux avoir votre carte de journaliste ?" "Je n'ai pas besoin de carte de journaliste pour filmer sur l'espace public." "Une pièce d'identité ?" "Alors mon passeport, et un peu de lecture." Et Glanz produit, devant le policier et devant sa propre caméra,  un mémo officiel édité à l'usage des policiers : "Policier, je travaille sur la voie publique, puis-je interdire d'être filmé ?" "Sinon, j'ai carrément le décret, qui va avec, qui date du 23 décembre 2008. Les policiers ne bénéficient pas de protection particulière en matière de droit à l'image." Toujours aussi pro, le CRS retourne à son fourgon, examine sans doute les documents pour la forme, et revient rendre son passeport au vidéaste. "Merci monsieur, bonne soirée, au revoir".

Au total, les migrants ne sont plus que des personnages secondaires, l'enjeu du bras de fer, bien sûr, mais au second plan, au bout de la godasse des CRS, que l'on voit bien se retenir, en jetant des regards à la caméra. Peu importe. Tout ramène à cet enjeu, qui n'est jamais perdu de vue. 

A l'abri de sa fragile muraille de papier, Glanz se permet lui-même de très calmes, très posés rappels à la loi -en quelques années, il s'est spectaculairement calmé. "Vous ne portez pas de matricule visible ?" "Vous n'avez pas le droit de donner des coups de pied". "C'est autorisé, une opération de maintien de l'ordre avec un G 36 ?" Parfois, désarçonnés, les policiers se justifient. "Je n'ai pas donné de coups de pied, je l'ai poussé avec mon pied". Parfois, Glanz arrache un mot à la machine inhumaine, comme un petit lambeau de chair au Moloch. 

Ce que filme Glanz, c'est un exercice de funambulisme sur la ligne fragile de l'état de droit. Son combat pour préserver un espace, minuscule mais essentiel. Gaspard Glanz, qui a subi mille tracasseries judiciaires toutes ces dernières années, a découvert qu'il avait, lui aussi, le droit de faire du droit. Et il l'oppose à la force, en un combat jamais gagné, à recommencer chaque nuit. 

Pour que le combat continue, son Tipee est ici.


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