chronique

Faut-il sauver Poitou-Charentes ?

Daniel Schneidermann

26 février 2009 Maj: 26 février 2009

Il faut sauver Poitou-Charentes !

Sur France Inter, ma consoeur Françoise Degois, qui est à Royal ce qu'Askolovitch est à Sarkozy (avec un avantage toutefois, puisqu'elle vient de rédiger un livre d'entretiens avec elle), est déjà partie en guerre. Sauvons Poitou-Charentes, menacée par les jacobins de la commission Balladur, qui vient de préconiser la réduction du nombre de régions françaises, de 22 à "une quinzaine" ! Ce n'est pas un hasard, assure Degoix, si c'est Poitou-Charentes qui se trouve dans le viseur de ladite commission.

Quelques minutes plus tard, sur la même antenne, c'est le député socialiste André Vallini qui, répondant à Demorand, rassure la pictocharente paniquée. Promis-juré, aucune intention poitoucharenticide dans la commission Balladur, dont il est membre. La commission Balladur ne vise aucune région, ne propose aucun nom, tout se fera sur la base du volontariat, les régions surnuméraires étant cordialement invitées à se saborder elles-mêmes.

Et de livrer un scoop: la rumeur, la terrible rumeur de la dissolution pictocharentaise, viendrait d'un certain Raffarin Jean-Pierre, ancien Premier ministre notoire, et ci-devant président de ladite région, blackboulé par Royal en 2004, lequel, entendu par la commission, aurait préconisé lui-même le rattachement de Poitou-Charentes à l'Aquitaine (pourquoi pas l'inverse, d'ailleurs ?)

Si la commission n'avance aucun nom, alors ils sont nombreux à avoir entendu des voix. Un mouvement autonomiste breton qui se réjouit du rattachement de Nantes à la Bretagne a entendu des voix. Le président de Picardie a entendu des voix. Les citoyens de Haute Loire ont entendu des voix. Libération, qui propose à ses lecteurs un "redécoupage administratif envisagé par le comité Balladur", a entendu des voix. Les dessinateurs de la magnifique carte reproduite ci-dessus, qui circule sur la Toile, ont entendu des voix. Le texte intégral du rapport n'étant pas disponible en ligne à l'heure indécente où écrit le matinaute, il est bien incapable de faire le tri dans les voix. Mais le feuilleton ne fait que commencer.

Mise à jour, 26 février, 11h20

Un article du Monde daté du 26 février raconte comment, après avoir envisagé de proposer le redécoupage administratif des régions, la commission Balladur y a renoncé lors d'un vote le 25 février :

"Le comité de réforme des collectivités locales, présidé par Edouard Balladur (UMP), formule vingt propositions dans le rapport qui sera remis le 5 mars au président de la République. Sur les vingt propositions retenues mercredi 25 février, 16 ont été adoptées à la quasi unanimité des onze membres (...) Le comité a renoncé à dessiner la nouvelle carte d'une quinzaine de régions "à taille européenne" qu'il entendait initialement proposer. Face aux réticences et aux oppositions à tout redécoupage, la formule du volontariat a été retenue."