Du journalisme zombie
Le matinaute
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chronique

Du journalisme zombie

Soyez honnêtes : qui d'entre vous sait exactement quand débute le congrès socialiste de Poitiers ?

Bientôt, incessamment, sous peu, oui, d'accord, mais quand ? Eh bien, attention scoop, il a déjà commencé. A l'heure où vous lisez ses lignes, on y débat déjà avec ardeur -défense de rire.

Si personne ne le sait exactement, c'est parce que la plupart des medias n'y ont consacré que des brèves, remarquait pertinemment ce matin Thomas Legrand, sur France Inter. Pourquoi même les journalistes politiques, qui devraient s'en pourlécher, bâillent-ils sur l'affiche de Poitiers ? Pour plusieurs raisons convergentes bien connues, mais que je rappelle néanmoins pour les retardataires. Parce que Aubry a tué le match en se ralliant à la motion Cambadélis, et en assurant ainsi au sortant une réélection somnolente. Et ledit Cambadélis ne croyant pas lui-même au rôle qu'il serait censé jouer dans la grande répartition -conscience de gauche du gouvernement- quelles foules entrainerait-il ? A preuve, la placidité avec laquelle il observe les copains ministres faire des boulettes de papier de la motion qui porte son nom, et dont ils sont pourtant signataires, par exemple à propos de la grande réforme fiscale.

Pire encore : à la question, posée par L'Obs, de savoir si Emmanuel Macron est socialiste, Cambadélis répond "non". Avec un sens réel de la mise en scène, les journalistes de L'Obs en ont fait le dernier mot de l'interview, qui se termine donc sur cette sèche détonation : "non". Aucune question de relance ne prolonge ce "non", du style "mais alors, s'il n'est pas socialiste, pourquoi votez-vous son projet de loi à l'Assemblée ?" Ce qui vaut à Cambadélis de se faire houspiller par Legrand, comme participant gravement à la décrédibilisation de la vie politique. Quant au PS, conclut Legrand, il n'a plus d'autre finalité que de se perpétuer comme structure, de financement des campagnes, et de répartition des places. Une structure zombie.

Analyse imparable, thème inépuisable, sur lequel Legrand brode un jour sur deux, au point qu'on pourrait lui renvoyer le compliment. Si les partis, les syndicats, et autres structures vermoulues, sont désormais des structures zombies, si la vie politique et institutionnelle tout entière est zombifiée, à quoi bon un édito quotidien sur France Inter, à quoi bon des cohortes de journalistes politiques, pour tenir la chronique des batailles de zombies ? Dans sa zombification, Cambadélis a entrainé avec lui Legrand et tous ses collègues, ce qu'ils ne voient évidemment pas, première caractéristique des zombies.

 

 

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