Dédiabolisation : cas pratique sur France Inter
Le matinaute
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chronique

Dédiabolisation : cas pratique sur France Inter

Dis, matinaute, c'est quoi la "dédiabolisation" ?

C'est ça : on est un matin sur France Inter, la fin de l'interview matinale approche, et Patrick Cohen demande à Marine Le Pen ce que lui inspire la figure de Mandela. Elle : "une figure d'apaisement. L'apartheid était un système contestable et injuste." Cohen, qui a préparé son coup, lui rappelle alors que Jean-Marie Le Pen n'a jamais condamné l'apartheid, tandis que le maire FN de Vitrolles, Catherine Mégret, s'est empressée, à peine élue, en 1998, de débaptiser une place Mandela. "C'est la preuve qu'au FN, il y a des sensibilités différentes, pas comme à France Inter", réplique Le Pen. Quelle sensibilité ? "Oh, un vieux relent de bolchévisme. Vous savez qu'à l'extérieur, on vous appelle Radio Bolcho ?" Ah non, Cohen ne savait pas. Et elle de rire : "oui, on est toujours les plus mal informés sur soi-même".

En quelques secondes, voici comment Marine Le Pen a tout changé sans rien changer dans son parti. On est au coeur du phénomène de "dédiabolisation" : sur le fond, aucun changement. Condamner l'apartheid, c'est être bolcho. Mais c'est balancé joyeusement, avec un grand sourire jubilatoire. On se chambre entre copains. Quelques instants plus tard, Le Pen répond à un auditeur, étranger, qui se trouve au chomage après avoir cotisé pendant vingt ans. Aura-t-il droit à une indemnisation ? Oui. Six mois tout de même (on n'est pas aux Etats-Unis). Après, terminé. Demain arrivé au pouvoir, le FN appliquera la préférence nationale, mais en tapant sur l'épaule du Mohammed recalé, et en l'appelant Momo. Marine Le Pen remplira les charters, mais en allant offrir un rafraichissement aux charterisés.

C'est donc ça, la banalisation. Traiter les journalistes-adversaires de bolchéviques, empruntant ainsi une référence politique centenaire que n'aurait pas reniée son père, mais avec force esclaffements complices, en bonne copine, en GO de club de vacances. Reste à comprendre comment la machine médiatico-sondagière a imposé l'idée de la dédiabolisation au début du "marinisme", et comment aujourd'hui les micro-trottoirs de France 2 imposent la même idée, sans jamais rappeler la réalité des chiffres électoraux ni la permanence du programme : on vous le racontait ici.

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