Dans les trous noirs de Wikipedia
Le matinaute
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chronique

Dans les trous noirs de Wikipedia

Envoyé Spécial descend dans les entrailles de Wikipedia.

Qui donc écrit dans la tentaculaire encyclopédie participative, source désormais quasi-hégémonique du savoir mondial ? Et surtout, qui y manie la gomme et les ciseaux, et selon quels critères ? En France, ils sont plusieurs "patrouilleurs", qui consacrent du temps à y traquer les liens douteux, par exemple vers les sites pédophiles. Nous faisons aussi la connaissance d'un des "gendarmes" (administrateurs) de Wikipedia, Pierre-Karl Langlais. Un de ses derniers coups de gomme en date: dans la page de Manuel Valls, il a supprimé une citation du ministre à Radio Judaïca à Strasbourg: "par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël". "Totalement anecdotique, assure Langlais. Quelqu'un comme Valls qui a une grande envergure, qui a fait des choses, prendre une citation sur une radio qui en plus n'est pas très connue, ça n'apporte pas grand chose à l'article". Notons bien que le "gendarme" ne dit pas que la citation est fausse, mais simplement qu'elle est "anecdotique" (à l'heure où écrit le matinaute, la citation ne figure pas dans la page de Valls).

Quelques minutes plus tard, parole est donnée à notre confrère Jean-Marc Manach. Il raconte comment il a découvert qu'une adresse IP basée à... Levallois avait fait "nettoyer" la notice du pittoresque maire de Levallois, Patrick Balkany, de quelques allusions à un rapport de la chambre régionale des comptes, pointant des achats de cigares et des allers et retours Paris-Saint Tropez. Autre exemple: selon Manach, "quelqu'un du Conseil général de l'Hérault" aurait naguère censuré le fait que Georges Frêche aurait qualifié Jean-Paul II d'abruti. Censures ignobles de faits qui "sont sortis dans la presse, et donc sont avérés", selon Manach (hum! Il faudrait lui expliquer deux ou trois choses, à Manach). Très bien.

Dernier exemple de trou noir: le chef d'un groupuscule politique français, François Asselineau, se plaint de la suppression de la page Wikipedia qu'il avait lui-même créée, au motif qu'il n'a pas été assez souvent invité par les medias français. "Je suis quand même passé sur Sud Radio, ce qui n'est quand même pas rien, j'ai eu une émission sur BFM TV avec Nicolas Doze pendant trois quarts d'heure. Mais c'est vrai que ce n'est pas TF1, ce n'est pas France 2, ce n'est pas France Inter". Curiosité: Asselineau a tout de même droit à une page détaillée sur le Wikipedia...anglophone. Quelle est la logique de ces choix ? En quoi la citation de Valls, ministre en exercice, sur Israël, est-elle plus "anecdotique" que celle de Georges Frêche sur Jean-Paul II ? Ces incohérences sont la force, et la faiblesse, de l'entreprise. Qui radiographiera vraiment l'encyclopédie aux millions de cerveaux ?

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