Ce n'est que sur BFM, que l'on peut entendre des phrases quasi-poétiques comme celle-ci: "on est en train de vivre en direct l'arrivée de Laurent Wauquiez au siège de l'UMP", comme si l'on suivait les premiers pas de l'homme sur Mars, immédiatement suivie de "Pauline, vous venez donc de vivre en direct l'arrivée de Laurent Wauquiez au siège de l'UMP". C'est seulement sur BFM, que l'on peut entendre Luc Chatel commencer une phrase par: "j'aime beaucoup Laurent Wauquiez, mais..." Sans oublier les passages par "la fameuse première circonscription de Nice" laquelle, après avoir été accusée de tous les maux, sortit blanchie des comptes et recomptes.

Un suspense, des méchants, un concours en direct de ligue d'impro: pour fabriquer une fiction qui tienne en haleine avec des seconds rôles français, laissez tomber Plus belle la vie et la "scripted reality", mais organisez chaque semaine une élection à l'UMP. Avec un cahier des charges minimal de répliques: "je suis très serein", et ses variantes: "je viens de l'avoir au téléphone, il est parfaitement serein"; "j'attends les résultats complets dans la plus grande sérénité"; "en toute sérénité, je me proclame vainqueur", le spectacle peut tenir plusieurs heures.

Jean-François Gbagbo contre François Ouattara, François Bush contre Jean-François Gore, Roquefort contre Camembert: ce que révèle cette soirée de décomposition du Sarkozistan, ce que révèle ce match de sourires glaçants, c'est justement la nature profonde du Sarkozistan, même si nous la connaissions déjà. Larvé tout au long du quinquennat précédent, le tropisme pustchiste y a fait son coming out, à l'instant où Copé se proclama vainqueur, avant même toute proclamation des résultats par l'instance compétente du parti. Plus personne ne pourra dire qu'il ne sait pas. Riche soirée.