"Vous vous rendez compte ? Rachel à l'Assemblée !"
chronique

"Vous vous rendez compte ? Rachel à l'Assemblée !"

Figure de la lutte des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, Rachel Keke est candidate Nupes

Sur les routes des législatives, étape numéro 4 : L'Haÿ-les-Roses, Val-de-Marne, région parisienne. La "guerrière" Rachel Keke, qui a mené victorieusement la lutte des femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles à Paris, est en campagne pour la Nupes. Daniel l'a suivie pendant son porte-à-porte.

L'HAŸ-LES-ROSES (94). 18 étages. Six portes par étage. Faites le calcul. Et dans la joie et la bonne humeur. "Racheeel !" appelle un équipier. Une porte vient de s'entrouvrir au bout du couloir. Rachel Keke pique un sprint. Vite, toucher au but avant que la porte ne se referme. "Et voici, notre candidaaate ! Vous vous rendez compte ? Rachel à l'Assemblée ! Une candidate comme on n'en a jamais eue !" proclame Djamel Arrouche, suppléant dans la circonscription voisine, en tendant le tract dans l'entrebâillement. "Vous la reconnaissez, sur la photo ?" Ici, la candidate Nupes de la 7ème circo du Val-de-Marne entre en jeu face à l'électeur potentiel. Deux mots surnagent du pitch : "Les 12 et 19 juin !" Et aussi : "On va faire de Macron un roi fainéant. On va arrêter d'être déçus", et surtout, sur le mode impératif rigolo : "Tu sors !" "Tu bouges !" "Maintenant, on secoue le cocotier !"

Je crois que je n'avais pas suivi de politique en campagne depuis Chirac en Corrèze, aux législatives de 1986. Ça ne me rajeunit pas. "Bonjour Monsieur" "Bonjour Madame" "Ah tu es bien mignonne, toi !" (main sur le crâne du bébé) : rien n'aurait donc changé ? Des portes. Encore des portes. Chaque étage de cette tour a son odeur, le parfum des dîners qui se mitonnent (dans une galaxie lointaine, une nouvelle première ministre vient d'être nommée, il paraît que c'est une techno de gauche, mais la nouvelle n'a pas encore atteint L'Haÿ-Les-Roses). Les portes dans un porte-à-porte, ces huîtres réticentes. D'abord entrebâillées. Puis un peu plus larges. 

"Je suis une guerrière"

Et parfois, quand tout va bien, grandes ouvertes sur de grands sourires, à la vue de la photo de Mélenchon sur le tract de campagne. "Oui oui, on ira". Mais le plus souvent, l'entrebâillement reste laconique : "Je ne vote pas". Pas de papiers ? Inscrit dans un autre bureau ?  L'abstentionnisme légendaire des législatives ? Pas le temps de s'appesantir. 18 étages. L'autre équipe, celle de la tour jumelle, doit déjà attendre en bas. Elle a eu moins de chance : les deux ascenseurs en panne, jusqu'au 31 mai au plus tôt. Ils sont montés à pied. Mais se sont arrêtés au 11e.

"Tu sors !" "Tu te bouges !" Je n'ai pas fait de moyenne, mais disons une minute trente par porte. Rachel Keke a l'habitude des tâches minutées. À l'hôtel Ibis Batignolles, où elle est encore gouvernante des femmes de ménage en attendant de disposer de ses vingt jours ouvrés de congé-candidature, c'est vingt minutes par chambre, pas une seconde de plus, linge sale, poubelles, toilettes, aspirateur, serpillière, draps de lit. Et c'est un grand acquis des 22 mois de lutte de Rachel Keke et ses collègues, victoire à la clé. Avant, c'était 17 minutes. Trois minutes qui changent tout. Elle a aussi obtenu une pointeuse pour les heures supplémentaires. Et 20 minutes de pause. Et 7,50 euros pour le déjeuner. "Je suis une guerrière", dit Rachel Keke.

C'est lors de cette grève que Rachel a rencontré Louise, qui assure ses relations presse. Journaliste-pigiste, Louise a raconté la grève, texte et photos, pour Basta. Et pour Louise, il y a du boulot. Quinze sollicitations de presse depuis le début de la campagne, pour venir voir sur le terrain la candidate femme de ménage, qui va faire entrer les "essentielles" à l'Assemblée. "Il faut trouver le juste équilibre entre les sollicitations presse et les électeurs", dit Sophie, mandataire financière de la campagne de Rachel. Je me fais tout petit. Je ne voudrais pas perturber la campagne.

"Pas besoin de diplôme pour être députée"

Pour ne rien arranger, la guerrière de la Nupes est sollicitée partout.  L'autre jour, au lancement de campagne de Sandrine Rousseau dans le 13e arrondissement de Paris, son nom a été acclamé. D'autant que Sophie de Ravinel, journaliste du Figaro, a estimé sur LCP que les Insoumis seraient bien avisés de dispenser une formation à "cette personne, qui peut être propulsée à l'Assemblée en juin prochain".

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