Macron et Delahousse : qui promène qui ?
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Macron et Delahousse : qui promène qui ?

Au moins, avec les sketches Pujadas-Sarkozy, ou Chirac-Chabot, pour les plus anciens, on guettait les questions qui fâchent. Vont-ils oser la poser ? Et si oui, combien de hardies relances ? Il y avait du (faux) suspense. Sur l'écran, ça mimait le journalisme. L'épreuve de force. Le match pour de vrai, jusqu'au sang, comme les zanglosaxons. Chaque interruption présidentielle par un journaliste était commentée comme un exploit, la revanche éclatante du quatrième pouvoir.

Ce qui est reposant avec les promenades de Laurent Delahousse, c'est qu'on ne guette plus rien. On ne parlera pas des tentes des migrants lacérées. Ni du député LREM Thierry Solère qui s'est fait remettre par le ministre de la Justice Urvoas les pièces de l'enquête judiciaire sur son cas. Ni de la Justice qui s'est déshonorée dans le procès Tron. Ni de l'anniversaire présidentiel à Chambord (il est vrai que la promenade a été enregistrée mardi dernier. Une éternité). Delahousse et Macron s'interrompent mutuellement, et ça n'a plus aucune importance. Ils sont du même bord, du même côté, de la même cordée, marchent du même pas tranquille, regardent dans la même direction, et peu importe lequel imprime le rythme.

Ne ricanons pas, certains ont aimé. Pascal Bois, par exemple. Il a trouvé que l'entretien était "un bel exemple de ce que doit être le service public de l'audiovisuel" (dont Macron, quelques jours plus tôt, avait estimé à huis clos qu'il était "une honte".  Sous-entendu : c'est autre chose que Lucet ! Dans la vie, Pascal Bois est député LREM de l'Oise.

Il n'est pas le seul enthousiaste : Céline Calvez a aimé, elle aussi. Elle aussi, trouve que la promenade à l'Elysée est un "bel exemple de ce que doit être le service public de l'audiovisuel". Céline Calvez est députée LREM des Hauts de Seine. En un mot, tous à l'unisson du chef : jadis on faisait semblant. Après chaque interview présidentielle, la majorité mimait l'enthousiasme spontané, tandis que l'opposition mimait l'atroce déception. Personne n'était dupe, mais on faisait semblant. C'est fini. Pourquoi se fatiguer à feindre ? Et après, ils viendront nous bassiner avec Télé-Poutine.

Voici quelques dimanches, c'était Bernard Tapie qui se promenait dans le même journal de la télévision d'Etat, en compagnie du même Laurent Delahousse. Ainsi va le service public de l'audiovisuel, dont Macron, dans la promenade, a lâché cette fois qu'il était "structuré sur le monde d'avant" (on ne saurait mieux dire). Avec les puissants, Lucet et Delahousse sont sur un plateau. Lucet les poursuit, Delahousse les promène. Devinez, à la fin, qui tombe à l'eau.

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