Saint Martin, l'impossible récit
Le matinaute
Le matinaute
chronique

Saint Martin, l'impossible récit

Et lundi matin, il était toujours impossible de se faire une idée précise

de la situation dans l'ile franco-néerlandaise de Saint Martin, dévastée par le cyclone Irma. Deux récits de la situation s'opposent irréductiblement. Celui (à quelques exceptions près) des envoyés spéciaux des medias institutionnels : l'ordre règne. Les autorités font face. Des centaines de milliers de bouteilles d'eau ont été distribuées. La gendarmerie patrouille. Entre les habitants eux-mêmes, la solidarité s'organise. Et de toutes manières, à toutes fins utiles, le GIGN et le RAID seront sur le terrain dans les prochaines heures. Sans parler du chef de l'Etat, qui se rendra mardi auprès des sinistrés (tiens, mardi, jour de la mobilisation syndicale anti-réforme du travail. Un hasard, certainement).

Et à l'inverse, colportés par les réseaux sociaux, des témoignages de l'enfer. Tapez "Saint Martin" sur twitter. Ce ne sont que témoignages invérifiables de magasins et domiciles pillés ; des milices de surveillance et d'autodéfense sont obligées de se constituer ; des centaines de morts, un millier peut-être, sont à déplorer, et n'ont pas été décomptés par les autorités : la traditionnelle peinture post-apocalyptique.

A cette dualité se superpose, déjà, la controverse idéologique traditionnelle, plaquée sur cette réalité incernable : faut-il parler de pillages ou, pour une population abandonnée à elle-même, de réappropriation de survie ? On s'enverra les images à la figure : celles-ci, choisies au hasard parmi cent autres semblables, et à l'authenticité invérifiable, du pillage d'un commerce ; et en sens inverse, cette interview d'un père de famille excédé, qui s'est vu octroyer, en tout et pour tout, trois bouteilles d'eau, et justifie les "actes de survie". C'est cette incapacité totale à synthétiser les deux récits qui, mieux que tout autre indice, dit la situation d'anarchie, qui règne à l'heure où ces lignes sont écrites.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.