Amours patronales
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Amours patronales

Valls et les patrons : comment rester indifférent à une si belle histoire, qui se noue sous nos yeux ?

Ce "j'aime l'entreprise". Cette standing ovation du MEDEF. Ces micros-trottoirs d'après-discours, dans les allées du rassemblement du MEDEF, sur le thème "alors, heureux ?" Heureux, ah oui, ils le sont. Ca fait du bien. Ils avaient besoin d'entendre ces mots. C'est un baume, un onguent. Valls et les patrons : torride ! S'ils continuent sur cette lancée, le CSA va devoir envisager des logos d'interdiction aux moins de douze ans. Mais il faut les excuser. Oui, cet élan qui les pousse l'un vers l'autre est sauvage, animal, indécent. Mais sauvage d'avoir été si longtemps bridé, clandestin, d'avoir dû tenir compte des convenances, des conventions, et des frondeurs de toutes sortes. Ils se sont enfin trouvés. Ils vont pouvoir vivre pleinement leur histoire. On a déjà la bande-son.

Ce n'est pas Stéphane Richard qui va s'y opposer. Stéphane Richard est ce patron mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans l'affaire Tapie. Il est interrogé sur France Inter, dans la nouvelle séquence de Léa Salamé (toujours pas de cerveaux malades dans la matinale d'Inter, mais les mis en examen ont le ticket d'entrée). Salamé rappelle qu'il est mis en examen, mais sans prononcer les mots "pour escroquerie en bande organisée". Trop méchant, sans doute (une question d'auditeur sur le sujet avait été censurée lors de sa précédente visite mensuelle, en juillet). Il faut dire que le client a les oreilles sensibles. Par exemple, il n'aime pas le mot "patron" : "le patronat, c'est une notion marxiste du passé". Sur le thème de la reproduction des élites, Salamé le chatouille sur son amour du piano, point commun avec Emmanuel Macron. Richard, piqué : "Emmanuel Macron est issu d'une famille modeste". Modeste ? Wikipedia nous apprend que Jean-Michel Macron est médecin professeur de neurologie au CHU d'Amiens, et responsable d'enseignement à la faculté de médecine de cette ville. C'est la conception de la "famille modeste", selon Stéphane Richard.

Pendant ce temps, Libé se demande sur cinq pages si le gouvernement Valls est de droite. Grave question, qui pourrait nous occuper aussi longtemps que la controverse de Valladolid. Mitterrand, rappelle le journal, était de gauche (la retraite à 60 ans). Jospin déjà un peu moins, mais il a tout de même fait les 35 heures. Et Hollande ? Pas grand chose (et encore, Libé a bouclé avant le scoop de l'aube : dans une interview au Point, à la veille de sa nomination, Macron a proposé qu'on ouvre à toutes les entreprises des dérogations aux 35 heures).

Au total, sur les cinq pages de Libé, pas de réponse à la question. Si l'on comprend bien la synthèse embrouillée du patron Joffrin, le gouvernement n'est ni de gauche ni de droite, ça dépend d'où on le regarde.  Au passage, Libé propose son critère : les socialistes ont toujours eu "au moins l'idée de la transformation de la société". Critère minimal, mais sujet à interprétations. On pourrait en imaginer un autre, qui vaut ce qu'il vaut, mais immédiatement lisible : la gauche, ce sont ceux qui parlent de patrons ; et la droite, ceux qui cherchent des synonymes.

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