Rohingya : guerre de fausses images (Les Décodeurs/Le Monde)
Brève

Rohingya : guerre de fausses images (Les Décodeurs/Le Monde)

Fausses images de massacres commis sur des Rohingya. Images fausses de massacres commis par des Rohingya. En marge de la répression, en Birmanie, de la minorité musulmane par les forces militaires birmanes se joue une lutte de propagande sur internet. Des images recensées et vérifiées par Les Décodeurs du Monde.

 

Attention, ce vite-dit contient des images qui peuvent choquer.

Cette photographie a été prise en 1994, au Rwanda, par le photographe français Albert Facelly. Pourtant, elle a été partagée sur Twitter, le 31 août 2017, par le vice-premier ministre turc, Mehmet Simsek, comme preuve du "massacre à l'encontre des musulmans Rohingyas", avec trois autres clichés. En réaction à ce tweet, la dirigeante de facto du gouvernement birman, récipiendaire du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi avait dénoncé "l'iceberg de désinformation" autour de la crise avec la communauté musulmane birmane, apatride depuis que le pays leur a retiré leur citoyenneté en 1982.

Capture d'écran du post Twitter de Mehmet Simsek. Source : Le Monde

Car aucune de ces images n'a en fait de rapport avec les Rohingya, soulignent Les Décodeurs du Monde, dans un article qui liste les principaux faux clichés échangés sur le web autour de la répression exercée en ce moment par les forces militaires birmanes à l'encontre de la communauté musulmane.

Des faux clichés qui viennent de tous bords. D'un côté, des pages Facebook ou Twitter relaient de fausses informations, en appelant la communauté musulmane à se mobiliser autour des Rohingya. Ainsi de la page Facebook "La Renaissance Turque" qui écrit, associé à des photos sans rapport avec les Rohingya : "Plus de 3000 Rohingya musulmans ont été massacrés en 3 jours au Myanmar. Où es-tu musulman? Ton frère se fait massacrer !"

source : Le Monde

Outre le vice-premier ministre turc, l'islamologue suisse Tariq Ramadan a lui aussi posté trois photos sur son compte Twitter, avec une légende indiquant "En Birmanie". Deux des trois sont pourtant mal attribuées, a remarqué Le Monde. La première a en fait été prise en République Démocratique du Congo, après un accident routier suivi d'une explosion, et d'un incendie. La seconde a été prise en Inde par un photographe de l'AFP.

"illustrer les méfaits des rohingya"

L'autre camp relaie aussi de fausses informations, soulignent les Décodeurs, notamment pour attribuer aux Rohingya des exactions qu'ils n'ont pas commises, ou pour les dépeindre comme des combattants en armes. Un birman se présentant comme "reporter", cité par Le Monde, partage ainsi des photos "censées illustrer les méfaits des Rohingya."

Sauf que les "photographies utilisées pour étayer les propos de l'internaute sont fallacieuses", pointent les Décodeurs. La première provient d'un incendie au Bangladesh en 2014. La seconde a été prise au même endroit, mais en 2016 - peu après l'assassinat d'un jeune hindou de 18 ans."

Cette guerre de propagande des deux côtés augmente en tout cas la confusion sur le sort réel des Rohingya, dont un rapport de l'ONU souligne la gravité : viols, assassinats, tortures physiques et psychologiques, déplacements forcés et persécutions qui ont déjà forcé 379 000 d'entre eux à se réfugier au Bangladesh. Une répression incontestable, dont Aung San Suu Kui a refusé de rendre compte devant l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois, a annoncé son porte-parole aujourd'hui.

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