Ferrand : l'AFP dément avoir "étouffé" des informations
Brève

Ferrand : l'AFP dément avoir "étouffé" des informations

"C’est l’une des pires accusations que l’on puisse proférer à l’égard de la rédaction de l’Agence"

, estime Michèle Léridon. Ce vendredi, la directrice de l’information de l’AFP a décidé de répondre publiquement à un communiqué syndical accusant l’agence d’avoir "étouffé" des informations gênantes pour le nouveau pouvoir. Comme nous le relations ici, jeudi le SNJ-CGT s’était fendu d’un communiqué au lance-flammes. Dix paragraphes assurant que la rédaction en chef de l’AFP aurait été en mesure de faire des révélations sur l’affaire Ferrand, avant que celles-ci ne sortent dans le Canard du 24 mai.

Le syndicat accusait également la rédaction en chef d’avoir refusé "le témoignage exclusif de l’avocat qui était au coeur de la vente de l’immeuble litigieux des Mutuelles de Bretagne en 2010-11". Enfin, selon le syndicat, l’AFP n’aurait pas jugé "digne d’intérêt" une dépêche annonçant le renvoi en correctionnelle du nouvel ex-ministre de la Justice, François Bayrou, deux jours à peine après sa nomination.

Des accusations graves que la directrice de l’information de l’agence a tenu à démentir en bloc ce vendredi dans un post de blog. Y-a-t-il eu volonté d’étouffer des informations ? "Non ! la rédaction en chef n’a fait que son travail", assure Léridon qui reprend le déroulé des faits. Elle explique que le 16 mai dernier, "une journaliste du bureau de Rennes" a bien eu accès à un dossier de 12 pages contenant, explique-t-elle, "des éléments sur une transaction opérée par Richard Ferrand avec les Mutuelles de Bretagne". Mais, assure la directrice de l’info : "L’affaire est à ce stade très complexe, voire confuse et la journaliste met elle-même en garde sur le fait que ces informations «ne sont pas vérifiées», que le contact est «récent», qu’elle «ne peut se prononcer sur la fiabilité». Elle dit ne pas avoir pu prendre des notes." L’AFP a-t-elle poussé plus loin son enquête ? Léridon explique que la rédaction en chef aurait dans la foulée demandé par mail et par téléphone des "clarifications". Reste que c’est bien le Canard enchaîné qui sortira finalement l’affaire quelques jours plus tard.

"La fiabilité avant tout!"

Quant au témoignage clef de l’avocat Alain Castel auquel l’AFP a eu accès en exclusivité ? "Sans réaction de la personne mise en cause (ndlr, Richard Ferrand)", l’AFP a estimé qu’elle ne devait pas le diffuser. Le témoignage sera finalement publié par Le Parisien le 29 mai. "Comble de l’ironie, la hiérarchie demande alors une reprise de l’entretien, comprenant qu’il est de nature à déclencher l’ouverture d’une enquête préliminaire", constate ce vendredi Le Monde dans un article intitulé "Comment l'AFP a manqué l'affaire Ferrand". Pour sa part, dans son billet, la directrice de l’agence rappelle les "standard rédactionnels" auxquels l’AFP se tient depuis "l’accident industriel que tout le monde garde en mémoire à l’Agence", à savoir la publication de la fausse information sur la mort de Martin Bouygues il y a deux ans (voir notre émission avec Michèle Léridon). Plus que jamais, explique Léridon "le recoupement des sources, la vérification des faits sont absolument cruciaux pour nous. La fiabilité avant tout! Les éléments dont nous disposions à ce moment-là ne répondaient aucunement à ce critère." Soit, mais comme le rappelle Le Monde, en matière d’investigation et d’information sensible, la confirmation par une source dite "autorisée", est rarement possible.

Concernant le choix de la rédaction en chef de ne pas publier tout de suite la convocation aux juges de l’ex-Garde des Sceaux, François Bayrou, "nous en avons fait état dès la date d’audience connue (en 2019)", explique la direction de l’info. Soit après la plupart des médias dont Le Monde qui pose la question : "Le choix initial de ne pas en rendre compte ne procède-t-il pas à l’évidence d’une crainte d’être à l’initiative d’une affaire susceptible de faire des vagues et de provoquer des réactions, voire d’une volonté d’éviter un sujet embarrassant pour un ministre?". Une crainte ou plutôt une "frilosité" assurent au Monde plusieurs journalistes en interne, dont un délégué syndical qui résume : "Est-ce que l’AFP est là pour sortir des infos? On n’est clairement pas à l’aise, on n’est pas dans cette culture. Une partie de la hiérarchie rédactionnelle pense que ce n’est pas le rôle de l’AFP."

De son côté, au diapason de la direction de l’info, la société des journalistes de l’AFP a publié un communiqué vendredi soir dénonçant "l’opprobre jeté sur l’AFP" par le SNJ-CGT et condamne, tout comme la directrice de l’info, "un communiqué qui pourrait relever de la diffamation".

Nous avons demandé à la direction de l'agence de pouvoir recueillir la version de la journaliste du bureau de Rennes, qu'elle évoque. Nous n'avons obtenu aucune réponse.

L'occasion de lire notre article : Pas touche au gouvernement Macron à l'AFP ? et de revoir notre émission :Bouygues : "on s'est mis en mode confirmation, et pas en mode vérification"

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