En Allemagne, deux jours après qu'un camion a foncé sur un marché de Noël de Berlin, faisant (pour le moment) douze morts et une cinquantaine de blessés, deux quotidiens allemands ont été remarqués pour leurs Unes aux antipodes l'une de l'autre : celle du tabloïd Bild, et celle du quotidien berlinois Berliner Morgenpost.

Bild, quotidien le plus lu en Allemagne, titre mercredi 21 décembre en grosses lettres blanches "Peur !". Et ajoute en sous-titre : "Au moins 12 morts. Le coupable armé a fui après le bain de sang. Ce qui s'est passé dans le poids lourd. L'ISIS [acronyme allemand de Daech] revendique l'attentat. La direction générale de la police judiciaire prévient : un plus grand risque d'attentat. Le monde pleure avec Berlin." Un titre – et une série de sous-titres – anxiogènes, accompagnés de trois photos : celle du camion dont le pare-brise est en miettes, avec deux policiers au premier plan ; celle d'un sapin de Noël renversé au milieu de débris du marché de Noël ; et celle d'une jeune femme en larmes.

Une du tabloïd Bild, 21 décembre 2016

Cette Une de Bild, typique de sa ligne éditoriale, a été critiquée outre-Rhin par des internautes, comme le rapporte la version allemande du Huffington Post : "Pour certains lecteurs sur les réseaux sociaux, le journal se range ainsi avec la clique des politiques, qui ont essayé mardi de provoquer une sorte d'apocalypse de la politique de sécurité", écrit le site. "Aucun doute, ajoute-t-il : «Bild» donne à voir en première page une opinion selon laquelle beaucoup de gens dans la République devraient être effrayés après les événements de Berlin". Ce qui manque, c'est une "réflexion sobre, factuelle" sur cette attaque.

Le choix de Bild a été pour certains d'autant plus choquant qu'il offre un fort contraste avec la Une du Berliner Morgenpost : ce dernier a choisi de coller sur un fond noir la photo de la porte de Brandebourg illuminée aux couleurs de l'Allemagne, un sapin de Noël au premier plan. Une image accompagnée d'un verset tiré du l’Évangile selon Luc : "N'ayez pas peur".

Une du Berliner Morgenpost, 21 décembre 2016