Le Figaro décrochait une info "exclusive". Quelques mots de l’ex-président, resté silencieux depuis la reconnaissance de sa maladie. Le 2 octobre 2014, dans les colonnes du quotidien Chirac assure de son soutien indéfectible le maire de Bordeaux dans sa course à la présidentielle. Au centre de l'épisode, le rédacteur en chef politique du Figaro, Philippe Goulliaud, aujourd'hui absent de son poste depuis plus de deux semaines.

Diffusé hier sur France 2, le documentaire "Jacques Chirac, l’homme qui ne voulait pas être président" revient sur les coulisses de ce qui reste pour l’heure la dernière prise de position publique de l’ancien chef de l’Etat. "Depuis la reconnaissance de sa maladie, Jacques Chirac est contraint au silence. Mais en 2014, des propos tenus par son épouse vont déclencher une réaction.", explique le documentaire. Des propos de son épouse? Fin septembre 2014, Bernadette Chirac multiplie en effet les déclarations en faveur de Nicolas Sarkozy et ne se prive pas pour décocher des piques acerbes contre le protégé de son mari, Alain Juppé. "Il n'attire pas les gens, les amis, les électeurs éventuels. Il est très très froid", déclarait à l’époque Bernadette Chirac, comme le rappelle le documentaire qui livre une anecdote pour le moins inédite: "Après cette attaque dirigée contre Alain Juppé, Claude Chirac va organiser une prise de paroles de son père. Un journaliste du Figaro est invité à rencontrer l’ancien président."

Ce journaliste du Figaro, c’est le chef du service politique du quotidien Philippe Goulliaud, ex-correspondant de l’AFP à l’Elysée pendant les deux mandats de Chirac, connu pour sa proximité avec l’ex-président et réputé proche d’Alain Juppé. Interviewé par les réalisateurs du documentaire, il explique: "La phrase de Bernadette Chirac était absolument inacceptable pour Jacques Chirac et donc c’est pour ça qu’il a tenu à faire savoir par mon intermédiaire qu’il soutenait toujours Alain Juppé et qu’il était enchanté de voir que Alain Juppé avait rendez-vous avec son destin et rendez-vous avec la France." Le résultat : cet article du Figaro du 2 octobre 2014 dans lequel l’ex-président est présenté comme "indéfectiblement fidèle à Alain Juppé", citations de Chirac à l’appui: "Si j'en avais l'énergie, j'aurais déjà réservé ma place, même une petite, à son QG."

Comme le souligne le documentaire: cette déclaration politique de Jacques Chirac suscitera aussitôt des questions: "Est-ce bien l’ancien chef de l’Etat qui s’exprime, est-il en l’état de le faire ou ses proches parlent-ils désormais à sa place?" Réponse du journaliste du Figaro : "C’est le fond de la pensée, le fond du cœur de Jacques Chirac, on ne l’a pas contraint à faire ça, c’est ce qu’il pense profondément."

En pleine période de la primaire de la droite, Philippe Goulliaud est, depuis plus de quinze jours, absent de son poste au Figaro, cette absence nourrissant les spéculations sur une mise à l'écart. L'occasion de (re)lire notre article : "Figaro : interrogations sur l'absence du rédacteur en chef politique"