Une enquête du Parisien revient sur l'affrontement, le 13 août dernier, entre une famille maghrébine et une foule de villageois sur une plage de Sisco, en Corse. Les premiers récits de l'affrontement, @si vous en parlait, affirmaient que les femmes portaient des burkinis, mais bien vite des sources avaient démenti. Si les femmes se baignaient habillées et voilées (sauf l'une d'entre elles, sans voile), elles ne portaient pas de burkini.

Que s'est-il vraiment passé ce jour-là ? D'abord, rappelle Le Parisien, "presque tous les protagonistes de la rixe de Sisco sont corses", et certains "se connaissaient au moins de vue, de l'époque du lycée". La famille Benhaddou est de nationalité marocaine, mais a grandi sur l'île et vit près de Bastia. Certains membres de la famille étaient venus d'Espagne, pour les vacances. Ce jour-là, la famille s'était installée pour se baigner et pêcher.

Enquête du Parisien, 13 septembre 2016

En début d'après-midi, un couple est arrivé. L'homme a remarqué ce groupe "marqué par une adhésion forte à la pratique de la religion musulmane", qui s'était étalé de manière à "nous dissuader de [nous] installer". Malgré "l'hostilité de cette famille", témoigne la femme, le couple s'est installé à son tour et les deux groupes ont cohabité.

C'est vers 17h30 que la situation a commencé à dégénérer : un touriste belge a pris une photo de la mer, ce qui a déplu à la famille. Le touriste dit avoir entendu l'un des Benhaddou crier "dégage ou sinon je monte". Il a alors demandé à des jeunes villageois, qui se trouvaient sur des rochers non loin, si de tels incidents s'étaient déjà produits. L'un d'eux a ensuite aussi pris une photo sur laquelle, rapporte le témoignage d'une jeune fille, on pouvait certainement voir la famille.

C'est cette photo qui aurait tout fait basculer. Toujours selon Le Parisien, Mustapha Benhaddou, 33 ans, déjà condamné plusieurs fois, s'en est pris au jeune homme, Jerry, qui lui a renvoyé un "ferme ta gueule". Ce jeune homme de 18 ans a ensuite été blessé et porté jusqu'à un bar non loin, où se trouvait notamment son père. Un grand groupe est redescendu vers la plage et l'affrontement a repris, à coups de poings et de pierres. Le rapport de force était cependant inégal, en faveur des villageois. L'un des gendarmes arrivé sur les lieux vers 19h30, témoigne : "Il y avait les Corses qui vociféraient et voulaient en découdre sans agir, et il y avait un clan maghrébin qui se trouvait derrière les gendarmes mobiles. Ce clan était calme". Alors qu'ils avaient décidé d'extraire les blessés, des volées de pierres ont cueilli les forces de l'ordre, et Mustapha Benhaddou a tenté de s'emparer de l'arme d'un gendarme - sans succès. Les blessés seront finalement tous évacués.

Mais après les violents affrontements, l'histoire ne s'était pas arrêtée là, rappelle Le Parisien. Le témoignage erroné d'une adolescente amie de Jerry affirmait avoir vu une femme portant un burkini (en fait inexistant) et une machette (alors qu'il n'y en avait pas). Un témoignage qui a enflammé le débat et conduit le lendemain à une descente de Corses dans une banlieue de Bastia, Lupino... ainsi qu'à l'arrêté anti-burkini de Sisco du 16 août.

Dès le 16 août, des sources réfutaient que les femmes portaient des burkini
comme cet article de L'Express

L'un des membres de la famille Benhaddou, frappé d'une obligation de quitter le territoire, a réussi à se faire passer pour quelqu'un d'autre grâce à la complicité de ses frères. Il a même réussi à quitter l'île après son témoignage, raconte Le Parisien, qui ajoute : "Le mensonge est finalement la chose la mieux partagée de l'affaire de Sisco". Une "triste soirée", qui aura laissé "beaucoup d'incompréhension".