Extrait de la lettre du SNJ publiée par puremedias.com

Tout au long de ce compte-rendu, destiné aux salariés d'iTELE et publié par Puremedias, la ligne de Serge Nedjar, le directeur d’iTELE, est exprimée sans détour : “Il y a un gros travail à faire sur les recettes. La régie doit pouvoir se positionner sur des programmes. iTELE doit participer davantage à des opérations de partenariat. Il va falloir que les mentalités changent”. Un cap vers le publi-rédactionnel déjà entamé lorsque Nedjar était à la tête de Direct Matin, le quotidien gratuit du groupe Bolloré.

"quand je vois des gens comme vous, ça ne me donne pas envie"

Nedjar s’y était forgé une réputation de directeur aux méthodes musclées. Un mode de management qui tend à se confirmer, au vu des citations : "Je vais vous dire une chose, il n’y aura rien à discuter parce que vous ferez ce qu’on vous dit de faire.” Il prend l’exemple d’un chanteur Universal : “Vous le prendrez, il sera invité dans la matinale et ce sera comme ça”… “Je vais faire entrer des annonceurs. S’il faut parfois faire venir des patrons, on le fera" (….) Il poursuit : “Le journalisme comme vous le faites, je l’ai vu dans la presse écrite. A la moindre occasion quand on parlait d’argent, ils posaient les stylos et aujourd’hui ces journalistes, ils sont au chômage. Vos scrupules sont des débats dépassés et quand je vois des gens comme vous, ça ne me donne pas envie”, conclut Nedjar.

Ré-organisation des tranches, valorisation des contenus plus "légers", contenus sponsorisés… Si le directeur de l’antenne Gérald-Brice Viret veut laisser "l’infotainment pour D8", ces changements font craindre aux journalistes une perte de la "réputation de chaîne sérieuse et rigoureuse" d’iTELE, alors que le groupe a annoncé vouloir supprimer un quart de ses effectifs. Pour la SDJ, qui demande depuis plusieurs mois la signature d’une charte de protection de l’indépendance des journalistes "il s’agit de mettre au pas une rédaction et de lui imposer des compromis avec son éthique et sa rigueur pour donner plus de place aux annonceurs."

Pulvar ne signera pas la motion de défiance

Côté rédaction, la journaliste Audrey Pulvar a pris position, dans un mail adressé à la rédaction, auquel puremedias.com a eu accès. Elle y explique pourquoi elle ne votera pas la motion de défiance. "Même si je suis, comme vous, inquiète de notre situation actuelle, je persiste à penser qu'iTELE ne «finira» pas "comme Direct Matin" écrit-elle. "Nous avons des lois sur les médias et un CSA particulièrement vigilant, pour nous protéger". Pour elle, les actionnaires "ne sont pas idiots, ils peuvent nous serrer la vis, ils ne pourront pas casser l'outil."

(par Juliette Bourgeois)