Cinémathèque : Les Inrocks interpellent leur ancien directeur
Brève

Cinémathèque : Les Inrocks interpellent leur ancien directeur

La Cinémathèque française doit-elle être "de gauche" ? C'est ce que semblent affirmer Les Inrockuptibles dans une lettre ouverte à Frédéric Bonnaud, ancien directeur de la rédaction du magazine, nommé en janvier 2016 à la tête de l'établissement de conservation et de restauration du patrimoine cinématographique. L'auteur du billet, le critique de cinéma aux Inrocks Jean-Baptiste Morain, dénonce l’évacuation par la police de la soixantaine de manifestants qui a brièvement occupé le hall du bâtiment vendredi soir pour dénoncer la gestion "néo-libérale" d'un lieu "emblématique de la précarité".

Lesinrocks.com - capture d'écran - lundi 9 mai 2016

"La cinémathèque n'est pas de gauche"

Au-delà de l’évacuation par la force des manifestants, à la demande de la direction, le magazine pointe du doigt les propos qu’aurait tenus selon plusieurs médias le directeur adjoint de la Cinémathèque, Michel Romand-Monnier. Accusé de sous-traiter la gestion du personnel d'accueil à une entreprise aux pratiques salariales agressives, il aurait invoqué l’impossibilité "en termes de charges sociales et de droit du travail" de recourir à des emplois stables et internalisés. Avant d’affirmer que la Cinémathèque n’est "pas de gauche", "citant à l’appui les noms du fondateur Henri Langlois, du cinéaste François Truffaut, ou la rétrospective des films de Sacha Guitry, illustre collaborateur avec l’occupant durant la Seconde guerre mondiale" comme le rapporte Libé.

Une déclaration qui "nous chagrine beaucoup, nous, générations qui avons aimé le cinéma grâce à la Cinémathèque et ce qu'elle incarnait" écrit Morain. "Il nous est insupportable d’admettre que cette institution, avec son histoire et son passé glorieux, chaotiques, mouvementés, voire parfois folkloriques, puisse aujourd’hui adopter en les assumant des méthodes policières et de gestion du personnel proprement de droite". Le journaliste demande ainsi au directeur de la Cinémathèque d’adopter "une attitude claire" sur ce que doit représenter l'institution, tout en soulignant qu’il est "évidement hors de question que des cinéastes de droite ou dits de droite n’y aient plus droit de cité".

"John Ford est-il de droite ou de gauche ?"

En réponse, Bonnaud a publié lundi soir un communiqué rédigé avec le réalisateur Costa-Gavras, président de la Cinémathèque, dans lequel ils s'évertuent à "rappeler à certains sectaires que [la] programmation n'a jamais été pensée en fonction des opinions politiques supposées des cinéastes, et qu'elle n'entend se soumettre à aucune censure que ce soit". Avant de questionner : "Quels films devraient être nos modèles politiques et sociaux, au juste ? Et John Ford, au fait, est-il de droite ou de gauche ? ".

Le directeur de la Cinémathèque revient également sur les accusations de "gestion néo-libérale" qui se font insistantes depuis la parution en janvier dernier, au moment de la nomination de Bonnaud à la suite de Serge Toubiana, d'une vidéo d'une ex-employée de la société sous-traitante.Cette jeune étudiante cinéphile y dressait un inventaire des pressions et humiliations subies par le personnel d'accueil de l’institution, et avait fait des émules auprès des autres employés.

Pour Bonnaud, toute cette agitation représente une vaste "campagne de dénigrement" relayée sur la base de "fantasmes et contrevérités", chiffres des ressources humaines à l'appui. "Après enquête et concertation menées par la nouvelle direction à propos des conditions de travail des employés de l'accueil, le prestataire de service CityOne n'emploie plus que des CDI en équipe permanente depuis mars 2016, n’ayant recours à des personnels en CDD que pour les renforts saisonniers et besoins ponctuels" affirme-t-il dans son communiqué. Agacé par ce débat lancé par "une poignée de faux militants et de vrais réactionnaires" sur les "supposées valeurs de gauche" que doit défendre l’institution dans sa gestion, l'ancien directeur des Inrocks assure en réponse aux manifestants (et à Morain) que la Cinémathèque "n'est pas passée du côté de l'ordre établi ou policier".

(par Maxime Jaglin)

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