"Le virus du vélo gagne les entrepreneurs." Pour illustrer le boom des "boites à vélos", ces professionnels qui travaillent en deux roues dans les zones urbaines, le 12/13 de France 3 Alpes du mardi 22 mars 2016 a choisi de raconter l'histoire d'un collectif nantais, pionnier en la matière. La voix off explique les multiples intérêts de travailler à vélo. À l’image, plombiers, déménageurs et livreurs de repas pédalent à travers la ville.
Problème : ces images sont intégralement extraites du documentaire "Un p'tit vélo dans la tête" réalisé en 2015, et France 3 Alpes n’y fait jamais allusion. Un oubli d’autant plus grossier que la chaine a utilisé pas moins de 2 minutes 40 secondes d’images (1 minute 10 secondes de sujet et 1 minute 40 secondes d’image diffusées en plateau) sans jamais les créditer. Le présentateur du journal parle même d’un "reportage", alors qu’aucune image n’a été tournée par les rédactions de France 3.
Vice-président de l’association nantaise "Place au vélo" qui détient les droits de la vidéo Youtube, Samy Guyet raconte à @si avoir été "très surpris" par les méthodes de la chaîne. "Sur le fond on est très content que les médias parlent des boites à vélo" explique-t-il. "S’ils avaient au moins demandé l’autorisation et sourcé les images on n'aurait rien dit, mais là c’est quand même un travail de professionnel qu’on ne peut pas utiliser comme ça." Guyet souligne que les images ont été remontées par la chaine afin de supprimer les phases d’interview, dont le contenu a été repris par le journaliste dans son commentaire, comme on le voit en comparant les deux vidéos.
France 3 Alpes - 12/13 - "Les boîtes à vélo" - le 22 mars 2016
Web-documentaire "Les boîtes à vélo - Un p'tit vélo dans la tête" (Youtube)
Guyet assure avoir contacté le journaliste de France 3 Alpes qui aurait reconnu le caractère "embêtant" de l'emprunt. La réalisatrice du web documentaire a quant à elle joint le rédacteur en chef de la chaine, Patrick Pinto. Un échange téléphonique "houleux" selon Guyet. Le film est pourtant référencé en "licence standard Youtube", à savoir un copyright classique qui en interdit la reproduction. Le signe copyright figure même à la fin de la vidéo avec le nom de l’association. "Un journaliste ne peut donc pas se tromper sur le fait que cette vidéo était protégée", affirme Guyet. L'association nantaise affirme avoir saisi la médiatrice des rédactions de France 3 début avril, sans succès.
Du côté de France 3 Alpes, on reconnait l'erreur. "L'association grenobloise "boite à vélo" nous a transmis le lien vers la vidéo et à partir de là on est allé se servir. S'il n'y a pas de crédits, c'est sans doute une erreur" explique son rédacteur en chef Patrick Pinto, tout en précisant qu'il n'a pas à "se justifier sur [sa] manière de travailler."
(par Maxime Jaglin)
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