Gennevilliers / jupe : doutes sur une agression
Brève

Gennevilliers / jupe : doutes sur une agression

"Agression vestimentaire" ou emballement médiatique ?

Comme pour l’affaire du bikini de Reims (présentée à tort comme une agression à caractère religieux), l’agression d’une jeune fille de 16 ans à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) lundi 18 avril a pris une ampleur médiatique nationale. Tout est parti d’une vidéo de l’agression, relayée par le site d’extrême droite identitaire Fdesouche. Vendredi, Le Parisien publie ensuite un article sur l’agression et titre "Hauts-de-Seine : rouée de coups parce qu’elle portait une jupe".

"Il est 19 heures, lundi, et Nadia* attend son tramway en face du quartier du Luth. Un petit groupe d’adolescents s’approche d’elle. Ils lui parlent de sa tenue — la jeune fille porte une jupe […] La situation s’envenime. La meneuse fait descendre sa victime en la tirant par les cheveux à l’arrêt suivant, dans le quartier du Village, la traite de "p…" et commence à la frapper. Nadia essuie alors une avalanche de coups de poing et de pieds. La plus énervée de ses agresseuses, véritable colosse, lui assène un dernier coup de genou qui la met KO. Elle s’effondre au sol", raconte Le Parisien, qui précise que "selon les premiers éléments de l’enquête, l’agression n’aurait pas un fond religieux" car "le trio ne portait pas de signe distinctif et aucune n’a évoqué une quelconque religion".

La plupart des médias relayent le récit du Parisien et le motif de l’agression, de façon affirmative comme pour L’Express ou Europe 1, ou au conditionnel du côté de Libération. Un site est cependant plus affirmatif que tous les autres : le pure player conservateur Atlantico. Dans un "décryptage", qui ressemble plutôt à un édito, le journaliste Benoît Rayski estime qu’il n’y a "aucun doute sur les motivations" des agresseuses et ironise sur le fait que "comme ils ne lui ont pas crié «mets ton voile salope!», l'agression est décrite comme n'ayant pas «un fond religieux»". Et le journaliste de conclure : "Une chose est en tout cas certaine: on ne sait s'il y a encore beaucoup de Nadia en jupe dans nos banlieues mais on peut être sûrs qu'il y en aura de moins en moins. La purification ethnique ayant déjà eu lieu voici venus les temps de la purification vestimentaire."

"Je ne vois pas pourquoi je vais frapper une fille qui est en jupe"

Pourtant, interrogée par BFMTV, l’agresseuse nie tout lien entre l’agression et la tenue de la victime. "Moi, j'ai des copines qui sont en jupe, qui sont en short, raconte celle qui s’est rendue à la police après avoir eu connaissance de l’état de sa victime, laquelle avait perdu connaissance et s’est vue délivrer une ITT de trois jours. Franchement, je ne suis pas contre ça. Même moi, je sors en jupe, je sors en short, ça ne me dérange pas, je vais en soirée. Je ne vois pas pourquoi je vais frapper une fille qui est en jupe." Selon sa version, la cause de l'agression serait des "propos" qu’elle aurait "mal pris".

De son côté, Le Parisien maintient la première version, mais dans d'autres termes. La version de l'agresseuse serait ainsi "contestée fermement [par] des sources proches du dossier. Selon l’une d’entre elles, qui se base sur les dires de témoins, l’agression a bien été déclenchée sur «fond de féminité». […] Le parquet, contacté samedi soir, confirme également que les faits, qui remontent à lundi dernier, ont débuté par une «agression verbale sur le quai du tramway à cause de la jupe que portait la victime»."

Mais le quotidien donne également un autre élément, totalement absent du premier article : l’agression serait intervenue "également dans un contexte de rivalités entre deux quartiers de Gennevilliers : «la cité rouge», d’où provient la victime, et «le Luth», où vivent ses trois agresseuses". Alors agression vestimentaire ou pas ? L’agresseuse, majeure, sera jugée le 17 mai.

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