Pierre Joxe, consultant en valeurs socialistes (Télérama)
Où est passée la gauche ? C'est la question posée par Pierre Joxe, dans un entretien accordé à Télérama le 29 février 2016. Interrogé sur la déchéance de nationalité, qui divise une partie de la gauche, il s'indigne. "Parmi nos trois millions et demi de binationaux, 80 % sont d'origine postcoloniale, de culture musulmane à 95 %. Ce sont eux qui se sentent visés". Même si le texte gouvernemental n'est pas encore voté, Joxe estime que "le mal est fait. Même si le texte gouvernemental sur la déchéance de nationalité a été modifié pour dissimuler ce qu'il affichait à l'origine, ses conséquences juridiques et politiques, particulièrement à l'égard des citoyens d'origine postcoloniale, restent inchangées."
Dans cette interview, l'ancien ministre de l'Intérieur de Mitterrand dénonce aussi la prolongation de l'état d'urgence défendue par Manuel Valls qui, selon lui, s'égare. "Les catégories intellectuelles de cet homme pour qui « réfléchir » aux phénomènes sociaux revient à les « excuser », c'est un mystère. Ce sont des propos stupéfiants dans un pays qui se veut non seulement celui des Droits de l'homme, mais aussi du culte de la Raison".
Un appel à la "gauche vivante" fin 2015
Ce n'est pas la première fois que Joxe critique la politique du PS au pouvoir depuis 2012 dans les medias. Fin janvier, dans un numéro de la revue Après-demain relayé par Le Monde, l'ancien ministre livrait déjà ses inquiétudes face au renforcement des pouvoirs du renseignement français dont il craignait qu'il soit trop dicté par l'émotion.
Fin 2015, dans un "appel à la gauche vivante" publié sur le site de Mediapart, il s'enthousiasmait d'une jeunesse socialiste capable de défendre "[ses] valeurs de la justice et [sa] conception de la république". Partisan d'un parlement fort, il enjoignait la majorité parlementaire à rejeter le projet de loi contre la déchéance de nationalité, auquel il souhaite une "douce euthanasie". Cet appel a été relayé notamment par Le Point ou Le Figaro.
L'année dernière, Joxe profitait de son passage sur notre plateau pour donner une définition d'un socialisme "rassembleur" : "Car le socialisme, c’est avant tout la solidarité des pauvres – ou des classes moyennes – avec les plus pauvres et non des riches avec les pauvres." Pour lui, la masse - et donc la classe moyenne - doit faire corps avec les plus démunis pour que la solidarité se crée et que le politique, élu par cette masse, agisse.
L'occasion de revoir notre émission avec Pierre Joxe : "L'opinion française se détache de l'intérêt pour les pauvres"
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