Spiegelman cite là un article paru hier dimanche dans le quotidien grand-breton The Independent, intitulé Iran's House of Cartoon to hold a Holocaust cartoon competition in response to Charlie Hebdo (La maison du dessin d'humour lance un concours de dessins sur l'Holocauste en réponse à Charlie Hebdo). « La maison du dessin d'humour et le complexe culturel Sarcheshmeh organisent ce concours et offrent un prix de 12 000 $ pour le gagnant, 8 000 $ pour la deuxième place et 5 000 pour la troisième ».

Le Tehran Times, cité par The Independent, parle très précisément de « concours international sur la négation de l'Holocauste ». La date limite de remise des dessins est fixée au 1er avril, et ce n'est pas un gag. L'Iran avait déjà organisé par le passé un concours de cette nature. C'était en 2006, à la suite de la parution au Danemark des caricatures de Mahomet.

Art Spiegelman avait réalisé à cette époque plusieurs dessins qu'il n'osa pas envoyer en Iran (le lâche !). Il en publia un dans la livraison de juin 2006 du magazine Harper's, et trois dans le New Yorker. Voici d'abord celui de Harper's, titré Ma solution finale pour le concours iranien de dessins antisémites :

Ah ! Ah ! Ah ! Le plus drôle c'est que rien de tout
ceci n'existe vraiment !

Spiegelman se lamente aujourd'hui sur sa page Facebook : s'il avait su, il aurait gardé ce dessin pour le concours de cette année parce que 12 000 $, tout de même…

Voici maintenant les trois autres dessins qu'il réalisa en 2006 et qui furent publiés dans le New Yorker :

Premier dessin : — Plus de sang palestinien, merci.
C'est mauvais pour mon cholestérol.

Deuxième dessin : — C'est marrant, vous n'avez pas l'air juif !

Troisième dessin : — Et que ceci te serve de leçon, Abie :
il est interdit de représenter le profit !

Le troisième de ces dessins repose sur un jeu de mots entre Profit et Prophet (Profit et Prophète), lesquels se prononcent exactement de la même manière en anglais.

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Le numéro de juin 2006 de Harper's, dont il fut question plus haut, affichait en couverture un dessin de Spiegelman. À l'intérieur du magazine, un long article historique du même intitulé Drawing Blood - Outrageous Cartoons and the Art of Outrage (Dessin sanglant - Dessins scandaleux et art du scandale). Il est téléchargeable par là.

L'occasion de lire ma chronique intitulée Tout est bon dans le cochon ! Ou presque… où l'on retrouvera Art Spiegelman, et les cochons polonais de Maus.