Brève

Les populistes Forconi marchent sur Rome (presse italienne)

Gilles Klein

17 décembre 2013 Maj: 17 décembre 2013

Des Bonnets Rouges italiens, en plus populistes ? Rassemblement hétéroclite où l'on retrouve des conducteurs de poids lourds, des agriculteurs et des groupes d'extrême-droite ou d'extrême gauche, le Movimento dei Forconi (mouvement des fourches) appelle à un grand rassemblement mercredi 18 décembre à Rome. Les Forconi ont déja manifesté de manière plus ou moins violente aux quatre coins de l'Italie, sans revendication très claire.

Bonnets rouges en France, mouvement des fourches en Italie. Le mouvement des Forconi animé par Mariano Ferro un agriculteur, est né en Sicile, début 2012 . Puis, Ferro a voyagé en Italie, et contrairement au mouvement français des Bonnets Rouges resté limité à la Bretagne, les Forconi ont essaimé dans tout le pays à Turin, à Gênes ou à Milan.

Certains dénoncent le prix du carburant, d'autres la classe politique ou le "Far-West de la globalisation" tout en s'affichant anti-européens pour "retrouver la souveraineté populaire et monétaire". Aux côtés de Ferro, on trouve maintenant d'autres leaders, agriculteurs également, comme Andrea Zunino (Vénétie) ou Danilo Calvani, (Rome).

Hétéroclisme. Ainsi, les Forconi se sont fait remarquer aussi bien en Sicile qu'à Turin, ou à Milan. Par exemple, ce sont aussi bien des électeurs de la Ligue du Nord, que des militants d'extrême gauche ou d'extrême droite, qui ont investi Turin le 9 décembre, en affrontant la police avec violence. Ils ont réussi à bloquer les transports, et à faire fermer les magasins, pendant que d'autres s'attaquaient à un centre des impôts.

Beppe Grillo, l'animateur du mouvement 5 Etoiles ( @si lui a consacré une émission) a ensuite invité la police à les laisser passer. Berlusconi avait pensé s'afficher avec eux avant d'annuler une rencontre, en raison du tour violent pris par les événements.

picto L'Unita du 12 décembre indique que Grillo et Berlusconi essayent de se rapprocher des Forconi

"Des manifestations qui ne plaisent pas aux gens au pouvoir" analyse Il Giornale, le quotidien de la famille Berlusconi, le 12 décembre.

Le même jour, des Forconi ont bloqué la frontière entre l'Italie et la France à Vintimille.

"Le peuple des Forconi" "Prêt à marcher sur Rome" titre Il Giornale mardi 17 décembre. Il évoque aussi (photo) l'affrontement entre Beppe Grillo (barbu) et Matteo Renzi le nouveau chef du Parti Democrate (gauche) récemment élu.

"Aimer la nation n'est pas un crime" dit l'affiche de soutien qui demande la libération de Simone di Stefano. Tous les quotidiens évoquent la condamnation de Di Stefano vice-président du mouvement d'extrême droite CasaPound (allié aux Forconi) : trois mois de prison pour avoir volé le drapeau de l'Union Européenne sur le balcon du bâtiment qui abrite la représentation de l'UE à Rome, et l'avoir remplacé par le drapeau italien, avant d'être arrêté vendredi.

"Si vous n'avez pas de fourches, tout est permis" dénonce, aujourd'hui, le ventre pro Forconi de la Une de Libero avec une photo d'incidents qui opposaient manifestants et forces de l'ordre à Milan, hier matin.

"Tant que vous n'êtes pas forconi, c'est bon. Bloquer la ville ? Protestation légitime. Empêcher la circulation ? Vous exercez votre droit. Envahir un batiment public ? Vous exprimez un malaise social. Jeter des pierres sur les policiers ? Vous essayez de vous faire comprendre. Tant que vous n'êtes pas forconi, bien sûr. Sinon, si vous empêchez un tramway de passer, vous êtes accusé d'atteinte à la sécurité de l'Etat" ironise le quotidien Libero, acquis à la cause du mouvement.

Libero reconnait toutefois qu'il y a des éléments dangereux au milieu des Forconi, mais demande que l'on utilise les mêmes critères pour juger les manifestations, quels que soient les organisateurs. En pages intérieure, Libero souligne toutefois que le mouvement des Forconi est divisé. La marche prévue sur Rome, pourrait se transformer en "promenade de Noël".

Dans l'attente de la manifestation, le préfet de Rome a limité la circulation et mobilisé les forces de police. Mercredi, on verra si les Forconi ont réussi une démonstration de force nationale, ou si le mouvement divisé a échoué.