Cette nouvelle réclame Wolkswagen met en scène un rhinocéros…

… doux comme un mouton. Avec un slogan vantant la solidité et le confort d'un modèle d'automobile judicieusement nommé Volkswagen Caddy Confort.

Ce n'est pas la première fois qu'un rhino apparaît dans des réclames automobilistiques, loin s'en faut. En 2009, il fut mis en scène par Mitsubishi :

En 2008, par Volkswagen (qui a donc de la suite dans les idées) :

En 2007, par SSangYong :

Etc. Le rhino et la bagnole est un classique. Le WWF, qui lutte contre l'extinction des rhinos et publie régulièrement des affiches à ce sujet, en a créé plusieurs cette année. L'une d'elles met en scène l'animal comparé à une voiture et c'est une belle récupération du code éculé grosse bagnole-rhinocéros :

Le rhino est un animal dont l'image a une curieuse histoire. Ça commence en 1515 avec cette gravure sur bois d'Albrecht Dürer :

Dürer n'a pas dessiné cet animal d'après un modèle vivant, mais en se basant sur le dessin d'un rhinocéros indien qu'avait envoyé Valentine Ferdinant - un peintre de Moravie vivant au Portugal - à l'un de ses amis.

Dürer a dessiné d'étranges taches rondes sur les flancs de son rhino. Elles existèrent réellement : elles sont les traces de la dermatose que l'animal, offert par le sultan indien Muzaffar II à Alfonso de Albuquerque, contracta lors de son séjour de dix mois dans les cales du bateau qui le transportait d'Inde à Lisbonne (Alfonso s'était débarrassé de l'encombrant animal en l'offrant au roi du Portugal).

Plus tard, Emmanuel Ier en fit cadeau au pape Léon X mais le navire coula en Méditerranée et le malheureux rhino périt dans le naufrage.

Seule représentation de rhinocéros disponible en Europe pendant deux siècles, la gravure de Dürer fut abondamment copiée :

Rhino par Conrad Lycosthenes, 1557

Extrait d'un livre d'histoire naturelle par le hollandais
Jan Jonston, offert au gouvernement du Japon en 1663

Plus tard, on continua de dessiner des rhinocéros fantaisistes dans des manuels réputés scientifiques :

Gravure sur cuivre, extraite de l'Histoire des drogues
par Pomet, 1715

Jusqu'au jour où, quand même, on décida d'observer l'animal avec un oeil sérieux. Et c'est un artiste, un peintre, qui s'en chargea. Il s'agit de Pietro Longhi qui peignit en 1751 Le Rhinocéros, évocation de la célèbre Clara qui fut exposée la même année à Venise, Nuremberg, Stuttgart et Strasbourg, où elle remporta un très vif succès :

Les scientifiques commencèrent alors à sérieusement étudier l'animal et c'est ainsi que Carl Brodtmann en livra une belle observation en 1827. Il sera bientôt suivi par Buffon :

Lithographie extraite de l'Histoire naturelle des Mammifères
par Carl Brodtmann, 1827

Lithographie extraite de l'Histoire naturelle
de Buffon, 1851

On était enfin sorti du mythe, pour entrer dans la zoologie. Mais le rhino n'en finit pas pour autant de fasciner les artistes ! L'un des plus beaux rhinos artistiques est peut-être celui de Georges Dantu qui peignit, en 1933, la statue de rhinocéros réalisée par Alfred Jacquemart pour l'Exposition universelle de Paris de 1878. L'animal était à l'époque exposé dans les jardins du Trocadéro à Paris, il est désormais installé sur le parvis du musée d'Orsay.

Jardin du Trocadero : Le Rhinocéros, effet de neige
par Georges Dantu, 1933

Le Rhinocéros par Alfred Jacquemart, 1878

Dans le genre sculpture, on évoquera enfin Dali qui en réalisa deux, dont le Rhinocéros en habit de dentelle qui date de 1956 et est une copie du rhino de Dürer :

L'occasion de lire ma chronique intitulélée Tintin au Congo expliqué à Boule de Neige qui est une bande dessinée dans laquelle un rhino se fait éparpiller façon puzzle grâce à de la dynamite et c'est marrant.