Brève

Un sénateur UMP soupçonné de vouloir créer un scandale sexuel

La rédaction

31 juillet 2012 Maj: 31 juillet 2012

Digne d'un scénario de film. Le sénateur UMP de Moselle François Grosdidier aurait voulu monter de toutes pièces un scandale sexuel pour piéger son frère ennemi - un autre sénateur UMP du département - Jean-Louis Masson. C'est ce que révèle un enregistrement que Marianne publie

sur son site.

Depuis plus de 20 ans, les deux sénateurs se livrent une guerre politique sans merci. Cette fois-ci, un pas supplémentaire semble avoir été franchi. Le sénateur UMP de Moselle François Grosdidier est accusé d’avoir fomenté un scandale sexuel à l’encontre de Jean-Louis Masson, également élu UMP du département de l’est.

Dans un enregistrement que s’est procuré Marianne, et qui date d'il y a quelques mois, François Grosdidier évoque avec un agent immobilier l’idée de "le [Jean-Louis Masson] faire coucher avec une mineure dans un pays [étranger]".

Ecoutez :

"Le seul truc, c’est de le faire coucher avec une mineure. Y a que ça." Il semble que ce n'est pas la première fois que les deux interlocuteurs évoquent cette idée. L'agent immobilier répond : "On a déjà parlé, on trouve personne. Tout le monde a peur." Grosdidier reprend :"Y a que ça, il faut monter un coup de là-haut." L'agent immobilier reprend : "Moi je te donne les sous, je m'en fout de ça. (...) Dis-moi combien ça coûte". Il ajoute : "J’arrive pas. J’ai essayé. J’ai plein de copains qu’ont peur de rien. Quand j’ai un locataire qui va pas, le mec il y va, il lui met deux claques dans la gueule et il le fait sortir. Là quand je lui dis que c’était pour l’autre, il a pris peur. Y veulent pas trouver une mineure en France. D’accord au Maroc, il se fera piéger comme un lapin."

Mais Grosdidier doute de la volonté des policiers marocains d'arrêter un sénateur français. "Les marocains ne feront pas une souricière policière. " Dans l’enregistrement, il échafaude alors un plan B : mettre dans la boucle "un journaliste ou une ONG". Et manipuler l’entourage de Claude Guéant, l’ancien ministre de l’Intérieur : "Dès que ça pète, moi je préviens le secrétaire d’Etat à l’Intérieur en lui disant, écoutez ne le protégez pas, c’est le plus foireux des hommes politiques français… "

Masson a porté plainte le 30 juillet contre Grosdidier pour "association de malfaiteurs", et a transmis l'enregistrement, qu'il avait en sa possession depuis 2011, à la police. Masson s'est décidé à porter plainte après qu'un chef d’entreprise mosellan, Patrick Malick, au centre d’un dossier de partage illicites de marchés mettant en cause Grosdidier, a affirmé avoir été l’objet d’intimidations et d’une tentative de cambriolage à son domicile. Dans cette affaire, Grosdidier est mis en examen pour "détournement de biens publics" et "prise illégale d'intérêts".

"blague de collégien"

Comment Masson a-t-il eu connaissance de cet enregistrement ? Selon Marianne, le sénateur aurait été contacté à plusieurs reprises par un "entrepreneur" en 2010, qui l’invitait à le rencontrer au Maroc, tous frais payés, pour consulter des actes notariés concernant Grosdidier. Un "début d'exécution" du piège, comme le souligne Masson dans un communiqué envoyé notamment à France 3 ? Comme il ne donnait pas suite, l'homme d'affaires est en tout cas venu le rencontrer en Moselle. C'est peu avant les élections cantonales de mars 2011 que l'entrepreneur lui a fait parvenir le fameux enregistrement.

Grosdidier, de son côté, annonce vouloir porter plainte pour dénonciation calomnieuse et estime auprès de l'AFP que Masson "atteint le plein délire". "Cela sort au lendemain de l'affaire Malick chez qui j'aurais envoyé des gros bras ! On voit bien la coordination entre Masson et Malick. Masson déploie des moyens colossaux pour monter ses manipulations et me faire clouer au pilori", dit-il.

Après avoir entendu les enregistrements, il reconnait toutefois avoir eu un tel entretien, tout en le relativisant en parlant de "blague de collégien". Il raconte avoir été contacté il y a quelques années par un certain Sébastien Faizant, expert financier. "Sébastien Faizant est revenu à la charge en s’intéressant beaucoup, avec insistance, à mon conflit avec Jean-Louis Masson et en me faisant des propositions délirantes pour le neutraliser politiquement et le compromettre. La conversation diffusée par Jean-Louis Masson est un assemblage de bribes d’une conversation infiniment plus longue que nous avons poussée en nous amusant pour voir jusqu’où irait son délire. J’en riais après son départ." Et pour Grosdidier, il s'agirait même d'une manipulation de la part de Masson : "Il est permis de se demander si J-L Masson n’a pas commandité Sébastien Faizant, finalement plus manipulateur que mythomane."