Hier soir, comme le raconte TéléObs, alors qu'elle intervenait en direct depuis le Zénith de Toulon, où Nicolas Sarkozy venait de tenir un meeting, la journaliste de BFM TV et son collègue Thierry Arnaud ont été la cible de jets de bouteilles d'eau par des militants UMP
"On nous a traités de vendus, de collabos, il y a eu des crachats", a raconté la journaliste à l'AFP. Lors du direct, on entend d'abord quelques huées lors de l'intervention de Ruth Elkrief. Lorsqu'elles deviennent trop sonores, la journaliste s'interrompt pour décrire l'ambiance autour d'elle. "L'atmosphère est assez désagréable puisque des militants sont assez... nous agressent, nous prennent à parti", explique-t-elle. Thierry Arnaud tente alors de revenir sur le déroulement du meeting mais les huées rendent le journaliste inaudible. Il est interrompu par son collègue en plateau. |
Une dizaine de minutes plus tard, reprise d'antenne à Toulon, Ruth Elkrief revient sur l'incident : "Il y a eu quelques invectives, quelques mots assez durs et puis surtout un jet de projectiles notamment contre Thierry Arnaud qui est à mes côtés." Celui-ci préfère ironiser en se réjouissant qu'il s'agisse de bouteilles en plastique. "Mais elles étaient pleines" complète Elkrief, qui "regrette" l'incident.
Pourquoi tant d'agressivité ? Thierry Arnaud analyse à chaud: "Il y a le sentiment chez Nicolas Sarkozy lui-même et dans son entourage que les médias au sens large n'ont pas fait un travail impartial dans cette campagne". Elkrief tente de minimiser l'agression des militants, "très minoritaires", mais y voit elle aussi une conséquence d' "un discours irresponsable sur les médias". Télérama fait le même constat et précise, extraits à l'appui que l'incident "découle" du discours "de Nicolas Sarkozy (relayé par certains de ses lieutenants), qui, depuis l’entre-deux tours, sentant le vent tourner, multiplie les attaques contre ces journalistes qui «n’ont hésité devant aucun coup, devant aucune manipulation» (Saint-Cyr sur Loire, 23 avril), et dénonce le «terrorisme du système médiatique» (Longjumeau, 24 avril)".
La réaction de Nicolas Sarkozy ? Ce matin au micro d'Europe 1, il déclare comprendre "l'exaspération vis-à-vis des journalistes", même s'il "regrette" ce qui s'est passé. "C'est toujours mal, et je condamne toute personne qui s'en prendrait verbalement, physiquement n'en parlons pas, à un journaliste", a-t-il déclaré. Avant de banaliser l'incident : "Je ne sais pas ce qui s’est passé. Comme j’ai vu Ruth Elkrief parler à l’antenne, je pense que cela ne doit pas être trop grave. Si quelqu’un lui a fait une remarque, j’en suis désolé".
Avant cet épisode, il y a eu l'agression de Marine Turchi de Mediapart, mardi au Trocadéro. Toujours par des militants UMP. A la différence d'Elkrief, Turchi a porté plainte.
Selon Michel Soudais du magazine Politis, une autre journaliste, restée anonyme, avait été malmenée. Télérama revient sur ce premier incident et révèle l'identité de la journaliste. "Cette mystérieuse journaliste, c’est Geneviève de Cazaux, ex-TF1... et candidate UMP aux législatives de 2012, qui nous confirme avoir été plus que bousculée : «J’essayais de traverser la foule, on m’a arraché mon badge «presse», tiré les cheveux par poignées, quelqu’un m’a rouée de coups dans le dos. C’était un groupe de retraités avec une handicapée !»"
L'occasion de relire notre article sur "Le camp Sarkozy contre le "terrorisme du système médiatique"
(Par Sophia Aït Kaci)
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