L'UE a-t-elle créé des "Bourses invisibles" ? (Jouyet / Le Monde)
Brève

L'UE a-t-elle créé des "Bourses invisibles" ? (Jouyet / Le Monde)

Le ton est franc, inhabituel dans le monde policé de la finance. Dans le Monde, Jean-Pierre Jouyet, dirigeant de l'Autorité des marchés financiers (AMF), dresse un "bilan mitigé" de trois ans d'application de la directive européenne Marché d'instrument financier (MIF), qui a ouvert à la concurrence les places boursières européennes le 1er novembre 2007.
Et aujourd'hui, détaille Le Monde, la Commission européenne vient d'engager "le processus visant à collecter remarques et observations des experts du monde financier, politique et économique, afin d'obtenir une nouvelle copie du texte européen au printemps 2011".


L'objectif est simple : "Remettre de l'ordre dans des marchés qui se sont transformés en une "jungle", dixit un régulateur. Un Far West où règne l'opacité." C'est un sujet très rarement abordé lorsqu'on évoque la crise financière qui frappe le monde depuis 2008, et notamment la zone euro, mais la directive MIF pourrait bien avoir en aggravé les effets. Sur deux points au moins : le high frequency trading (HFT), et les dark pools.

Aujourd'hui, ce sont des ordinateurs qui passent la majorité des ordres de Bourse aux Etats-Unis, parfois en quelques microsecondes ; nous l'avions expliqué en détail lors d'une émission réunissant des spécialistes. Mais le phénomène gagne aussi très vite du terrain en Europe : "les choses se sont emballées. Des plates-formes alternatives se sont créées : Chi-X, Bats, Turquoise... Compétitives, agressives, elles ont vite pris des parts de marché aux opérateurs historiques. Aujourd'hui, à peine plus de la moitié des ordres de Bourse transitent encore par le London Stock Exchange. Les nouveaux acteurs ont pris la place qu'on leur a donnée. Mais ils sont allés trop loin, trop vite. Les ordres sont éparpillés et le régulateur ne sait plus où donner de la tête", écrit Le Monde. Et Jouyet le reconnaît lui-même : la directive "a gravement accentué le désordre des marchés boursiers et conduit à une fragmentation et à une plus grande opacité des transactions (…) Cette accélération des échanges a compliqué la surveillance du marché."

Quant aux "dark pools", il s'agit d'un sujet encore plus méconnu, "ces plates-formes financières venues de Londres ou des Etats-Unis qui permettent de passer des ordres de Bourse dans l'ombre", "laissées sans surveillance" pour "faire transiter des ordres en catimini". "Aujourd'hui, on estime que 44 % des transactions sont invisibles", s'alarme Jouyet.

Vous n'avez jamais entendu parler des "dark pools" ? Rassurez-vous, c'est normal. Le sujet n'a été sérieusement traité que par très peu de publications grand public. A notre connaissance, seul Le Monde, toujours sous la signature de Claire Gatinois, s'est colleté à ce sujet complexe. Un an avant sa pleine page d'aujourd'hui, le quotidien y consacrait déjà un article très informatif. Et il y a un mois, le 12 novembre, il donnait déjà la parole à Jouyet, qui faisait déjà part de ses inquiétudes.

En attendant qu'un autre média s'empare de la question ?

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