Woerth : double jeu auprès des expatriés fiscaux (L'Hebdo)
Brève

Woerth : double jeu auprès des expatriés fiscaux (L'Hebdo)

Les langues continuent de se délier en Suisse. Après les banquiers, c'est au tour des Français lémaniques proches de l'UMP de dévoiler leur rancoeur à l'égard d'Eric Woerth. Dans une enquête du magazine suisse l'Hebdo, reprise par un blog de Médiapart, ils fustigent l'attitude de l'ex-ministre du Budget, qui, après avoir encaissé les chèques mirobolants des expatriés en Suisse pour financer la campagne de 2007, pourchasse ces "bienfaiteurs" pour évasion fiscale.

"«C’est normal que certains s’en prennent à Eric Woerth. Ils croyaient s’acheter une protection avec lui, mais le ministre s’en est pris à eux quand il s’est agi de taper sur les exilés fiscaux», explique ce cadre français résidant dans la région zurichoise et membre actif de l’UMP Suisse." Il n'est pas le seul à exprimer sa rancoeur: c'est l'ensemble de la délégation helvétique de l'UMP qui fait grise mine.

L'Hebdo revient sur les causes de ce désamour. Tout commence en 2006, lorsque Sarkozy se lance dans une campagne de charme auprès des exilés français en Suisse, afin d'obtenir leur soutien. Sans pour autant se rendre sur place: "les conseillers en communication du futur président de la République voient la chose autrement. Le candidat de l’UMP au pays des banques qui hébergent l’argent des évadés fiscaux de France? Impensable répond-on au siège parisien du parti", explique L'Hebdo.

Comment alors récupérer l'argent qui attend en Suisse, sans se salir les mains? "En envoyant des proches. Tel sera le rôle d’Eric Woerth et Patrick Devedjian. Des sourires, des mots et des chèques", répond l'Hebdo.

"Ce vendredi 23 mars 2007, c’est en jet privé qu’Eric Woerth et Patrick Devedjian atterrissent à 19 heures sur l’aéroport de Cointrin. L’avion, selon nos informations, un Falcon 10, accueille à son bord les épouses des convoyeurs de fonds de l’UMP, Florence Woerth et Sophie Vanbremeersch. Un avion mis à disposition par un compatriote fortuné au bénéfice d’un forfait fiscal en Suisse. Tout ce petit monde dort à Genève chez des amis respectifs".


"Sitôt descendu du Falcon avec Patrick Devedjian, le futur ministre file vers un hôtel cinq étoiles à quelques pas de là, le Crowne Plaza où patientent plus d’une cinquantaine d’adhérents et sympathisants de l’UMP. Avant de rejoindre, vers 21 heures, une petite trentaine d’invités triés sur le volet à la Caviar House, rue du Rhône". Opération réussie pour ces "convoyeurs de fonds": "les deux hommes repartent avec des promesses de dons qui frôlent un demi-million de francs suisses". A cela, il faut ajouter 300.000 euros d'autres donateurs qui n'étaient pas présents à ce moment-là.

L'Hebdo précise que "la trentaine de personnes réunies à la Caviar House paient 3000 euros par personne – limite maximale autorisée par la loi française – en tant que membres du Premier Cercle des donateurs de l’UMP".

Justement une enquête du Monde s'attarde sur le fonctionnement du Premier Cercle, ce réseau de bienfaiteurs VIP de l'UMP. "Créé en 2004 par Eric Woerth, le trésorier de l'UMP, sur le modèle américain du fundraising, ce réseau discret, qui fait l'objet d'abondants commentaires depuis l'affaire Bettencourt, cristallise les interrogations. Il est devenu le symbole des relations étroites du chef de l'Etat avec le monde de l'argent. " Le Premier Cercle, c'est ce qui matérialise le système de trafic d'influence que l'UMP a mis en place. Les membres du Premier Cercle, ce sont des évadés fiscaux qui viennent chercher de la protection ", accuse le député socialiste Arnaud Montebourg, qui vient de demander la dissolution de cette structure.", explique Le Monde.

Les réactions des proches de l'UMP en Suisse qui crient à la trahison semblent créditer la thèse de Montebourg. Quand Woerth, ministre du Budget ingrat, se lance dans une chasse aux évadés fiscaux, on grince des dents en Suisse, selon L'Hebdo:

«Quand Eric Woerth est venu récolter les chèques pour Nicolas Sarkozy, il avait en face de lui différents représentants de la communauté des grandes fortunes de France qui ont voulu s’expatrier. Quelques mois plus tard, au gouvernement, il a totalement ostracisé les mêmes. Ne pas encourager l’expatriation fiscale, soit, mais aller un pas plus loin en caricaturant les gens qui ont décidé de se délocaliser à l’étranger, en les faisant passer pour des mauvais Français, de mauvais patriotes, cela a été très peu apprécié par cette communauté. Ce que je reproche à M. Woerth c’est une mauvaise foi évidente, une forme de malhonnêteté intellectuelle et de cracher dans une soupe dans laquelle il a été ravi de tremper ses lèvres.», déclare Pierre Condamin-Gerbier, à la tête de l'UMP en Suisse de 2006 à 2008.

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