Brève

Une agriculture de salon

02 mars 2010 Maj: 02 mars 2010

Chaque année, on assiste au remake de la petite maison dans la prairie. Le salon de l'agriculture est l'occasion de retrouver le monde paysan tel qu'on nous le présentait à la télévision : une agriculture traditionnelle, du terroir, avec des vaches qui ne se nourrissent que d'herbe, des paysans qui fauchent les blés à la main, des petites filles de paysans qui se baladent dans la vallée au milieu des chèvres. C'est Heïdi, la petite maison dans la prairie, Manon des sources ou encore Pernaut au pays de la soupe.

La semaine dernière, Paris-Match a ressorti tous ces stéréotypes en publiant une série de photos sur dix pages, suivies par quatre pages de description d'un monde paysan en crise mais aussi heureux de travailler la terre : "Aucune mécanique ne pourra jamais remplacer la magie de la nature". Une agriculture magique, vraiment ?

Savez-vous cueillir les choux...

La truie passe à table

Laura Ingalls est cachée dans les blés

Manon des Sources a une petite soeur

Voilà pour le folklore. La réalité est parfois moins ragoûtante. Les dérives de l'agriculture intensive permettent au Canard enchaîné de remplir chaque semaine leur rubrique "conflit de canard". Un exemple parmi tant d'autres : le recours systématique aux antibiotiques.

"On savait que les animaux d'élevage sont gavés d'antibiotiques, ce qui, par ricochet, rend les bactéries qui nous cherchent des noises de plus en plus résistantes à ces mêmes antibiotiques. A la lecture du rapport de l'Afssa, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, on découvre que c'est pire que ce que l'on croyait. Selon les derniers chiffres disponibles, ceux de 2007, les animaux de ferme ont avalé pas moins de 1297 tonnes d'antibiotiques. Soit 87 tonnes de plus que l'année précédente. Curieux : la consommation aurait dû baisser puisque, depuis 2006, les éleveurs n'ont plus droit qu'aux antibiotiques destinés aux soins alors qu'auparavant, ils en rajoutaient dans la gamelle dans le seul dessein de booster la croissance de leur bétail. Faut-il en déduire que les braves bêtes sont plus souvent malades ? Ou que pour se rattraper les élèves surdosent les traitements ?

Le Canard enchaîné du 15 avril 2009 picto

Prenez les cochons, en 2007, ils ont englouti 8% d'antibiotiques en plus (soit 699,49 tonnes en tout), alors que leur nombre n'a grossi que de 0,7%. Mais le bonnet d'âne en la matière revient au lapin. A lui seul, il ingurgite 10,35% de l'ensemble des sulfamides, tétracyclines et autres fluoroquinolones utilisés dans les élevages industriels. Ce qui en fait, en proportion, le plus gros consommateur. En clair, pour produire un kilo de lapin, comptez 32 fois plus d'antibiotiques que pour un kilo de dindes et de poulet". Et Le Canard de conclure, cinglant : "Désormais, si vous tombez malade, plutôt que de vous précipiter dans une pharmacie, mangez du lapin !" Le salon de l'agriculture se tient cette année du 27 février au 7 mars 2010.

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