, reprenant le New York Times, et elles-même reprises par les sites d'information internationaux, le "numéro deux" des Talibans en Afghanistan a été arrêté au Pakistan, et se trouve aux mains des Américains. Diable ! Le numéro deux ! La médaille d'argent en personne ! Les agences de presse, et le New York Times

...se fondant sans doute sur cette éloquente photo publiée par le New York Times, et prise en 1998...

...connaissent sur le bout des doigts la composition du podium taliban. Elles savent que le mollah Baradar est "numéro deux". Si on leur demandait, elles seraient certainement capables de nommer le numéro huit, ou le numéro vingt-quatre bis.

D'autres titres, plus prudents, préfèrent parler d'un "chef militaire" (ou "du" chef militaire). Le titre est moins vendeur, même s'il a davantage de chances d'être exact. Autre élément : les talibans démentent cette arrestation. Certains articles en font état, d'autres pas. Plus troublant : les Américains eux-mêmes, d'ailleurs, ne confirment pas (ce qui, pour le coup, tendrait plutôt à accréditer l'information). Encore plus troublant : Baradar, à l'inverse de son "numéro un", le mollah Omar, serait favorable à des négociations avec le président afghan Karzaï, si l'on en croit cet article du correspondant du Monde à New Delhi, ce qui rend encore plus mystérieuse son arrestation par les mêmes Américains.

Résumons. Nul n'est certain que l'arrêté soit "numéro deux". Nul n'est certain qu'il soit vraiment arrêté. Nul n'est certain qu'il soit encore taliban, mais tout cela n'empêche pas les titreurs de titrer. C'était une brève incursion du matinaute, au pays de l'information de guerre.