Sarkozistan : ne pas faire perdre la face au chef
Brève

Sarkozistan : ne pas faire perdre la face au chef

Paris, 22 septembre. Le leader ne doit jamais perdre la face

: tel pourrait être le premier article de la constitution non écrite du Sarkozistan, cet inclassable Etat voyou des confins de l'Europe occidentale, dont nous n'en finissons décidément pas d'explorer les subtilités, souvent héritées de pratiques culturelles ancestrales. L'affaire de la suppression de la publicité à la télévision d'Etat en offre, ces jours-ci, un excellent exemple. Voici deux ans, l'homme fort Sarkozy, devant la nomenklatura de la presse locale convoquée dans son palais, annonce brutalement la suppression totale de la publicité à la télévision d'Etat. C'est un pur caprice, dans un petit Etat aux caisses vides, qui n'a évidemment pas les moyens de subventionner les programmes de cette télévision. Mais au Sarkozistan, un caprice de l'homme fort prend force de loi. Plus d'une année durant, ce sont donc réunions, commissions, propositions, pour trouver des millions qui n'existent pas.

Après plus d'un an de bruyantes palabres, la classe dirigeante sarkozistanaise doit bien conclure que l'argent du caprice reste effrontément introuvable. Mais comment l'annoncer sans faire perdre la face au leader ? La palme de la trouvaille sémantique revient à l'un des turbulents dauphins du Numéro Un, le chef de la faction parlementaire Copé, qui vient d'annoncer "un moratoire" sur cette suppression de la publicité. "Un moratoire renouvelable éternellement" a ajouté Copé. Les plus fins analystes du Sarkozistan (qui n'en manque pas) n'ont pas fini de se déchirer pour savoir si Copé, ce faisant, sauve la face du chef, ou lui fait subir une forme d'humiliation particulièrement raffinée, en attendant le moment de faire rouler sa tête, pour de bon, dans la sciure.

Les rapports du pouvoir et de la télévision offrent une excellente illustration de la duplicité de la mécanique du pouvoir au Sarkozistan. Adhérant manifestement tous à la croyance ancestrale du "pouvoir de la télévision", les leaders successifs du petit Etat voyou se sont toujours arrangés pour nommer des fidèles à la tête de la télévision d'Etat (le leader actuel a d'ailleurs mis fin à une certaine hypocrisie en nommant directement le patron de la télé). Cependant, pour ne pas faire perdre la face aux journalistes qui y opèrent, chacun continue de proclamer officiellement que les chaînes d'Etat sont "parfaitement libres", et de mettre en valeur les marges de manoeuvre dont il dispose.

Ainsi, en limogeant brutalement, dès son arrivée, la patronne de l'information, une hiérarque tueuse ayant servi sans états d'âme toutes les factions successives, le nouveau patron de la télé a cru bon de répéter qu'il agissait en toute liberté, sans avoir reçu aucune consigne (alors que le Numéro Un, toujours par caprice, avait signifié quelques mois plus tôt sa disgrâce à la tueuse). Comme si, au Sarkozistan, il était nécessaire de recevoir des consignes écrites, pour exécuter les ordres du chef.

NDR : notre appel d'hier à nos lecteurs a été couronné de succès. Ci-dessus, un cliché particulièrement rare du Numéro Un et du Numéro Deux, surpris en tenue traditionnelle, lors d'un sommet secret dans une des datchas officielles. Encore au-dessus, la tsarine de l'information d'Etat, brutalement disgraciée par le numéro Un.

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