Depuis hier soir, l'AFP et les JT s'attardent longuement sur l'attente à New York de la fameuse tempête Sandy. Certes, cet ouragan est annoncé comme très important. Et sur place, les autorités semblent le prendre avec beaucoup de sérieux : metro fermé, plus de 300 000 habitants évacués, bourse de Wall Street fermée, état d'urgence déclaré dans plusieurs états. Pour autant, est-ce nécessaire de multiplier les directs et les titres sur un événement qui n'a pas encore eu lieu? D'autant que certains papiers versent dans l'anecdotique. Petit tour d'horizon.
"L'alerte maximum déclenchée sur la côte Est des Etats-Unis" annonce Claire Chazal dès hier soir au 20 heures, dans les titres. Même place importance accordée à cette information sur France 2. Et à nouveau au 13 heures de la chaîne publique ce lundi, qui l'évoque dès les titres. |
Sur BFM, ce lundi, on donne la parole à des New yorkais, joints par téléphone. Comme ce chef d'entreprise qui doit rester confiné chez lui. Attention, grand moment de télé : ses enfants apprennent en direct qu'ils n'ont pas école demain matin.
Mais au fait, est-ce qu'on n'en ferait pas un petit peu trop sur cet ouragan ? demande - judicieusement - la journaliste de BFM. Et son collègue de demander ensuite si cette situation ne rappellerait pas...
...le 11 septembre 2001 ! Réaction gênée de l'interviewé.
Côté AFP, l'attente est détaillée dans plusieurs dépêches. Ainsi, cette dépêche qui annonce que plusieurs tunnels de Manhattan seront fermés. Ou encore une autre précisant que "La Cour suprême des Etats-Unis était lundi l'une des rares institutions de Washington à fonctionner normalement malgré l'arrivée prochaine dans la région de l'ouragan Sandy."
un café et une banane pour le petit déjeuner
Mention spéciale pour ce reportage de l'AFP, que l'on peut trouver en ligne ici sur le site canadien Lapresse.ca, titré sur le "calme irréel" dans lequel est plongé New York. "Rues désertes balayées par la pluie, transports en commun et attractions touristiques fermées : New York était paralysée lundi, se préparant dans un calme irréel à affronter la monstrueuse tempête Sandy", commence le reportage. On y découvre le témoignage de David Blythe, un habitant, "à l'angle de la 6e avenue déserte et de la 23e rue, qui habite Brooklyn", "venu acheter un café et une banane pour son petit-déjeuner, dans un des rares cafés ouverts. Pour être sûr de pouvoir travailler, il a pris une chambre d'hôtel pour plusieurs jours à Manhattan, à environ 10 km de chez lui", nous raconte l'AFP. "J'ai des réunions que je ne pouvais pas manquer", explique-t-il à l'agence. Heureusement qu'on a lu cette dépêche pour vous, vous auriez raté une info...
Pourquoi tant de bruit autour de la tempête ? D'abord, parce que la ville compte en temps ordinaire de nombreux correspondants de presse étrangers. Tout ce qui s'y produit est donc naturellement sur-médiatisé. L'ampleur des mesures prises par les autorités américaines (état d'urgence dans plusieurs états, évacuation de 300 000 habitants à New York...) a certainement incité les journalistes à accorder une large importance à l'événement. Sans oublier le précédent de la tempête Irène, qui avait causé la mort de 47 personnes sur la côte Est en 2011 (mais aucun à New York, en dépit de la peur des jours précédents). Cette fois-ci, les prévisionnistes assurent que Sandy serait encore plus dangereuse qu'Irène.
La perspective des élections américaines joue sans doute aussi un rôle aussi dans la sur-médiatisation de l'avant-tempête. Comme le souligne cet article du Point.fr, Obama "s'efforce de donner ce lundi l'image d'un dirigeant ferme aux commandes des États-Unis, au moment d'affronter l'ouragan Sandy." Plusieurs journaux, ici ou ici, soulignent que Obama est attendu sur la gestion de cette tempête. En 2005, le président George W. Bush avait été particulièrement critiqué pour sa réaction, jugée trop lente, après le passage de l'ouragan Katrina, qui avait ravagé la Louisiane et avait causé la mort de 1800 personnes, rappelle l'AFP.
Lire aussi la chronique de Daniel Schneidermann: Sandy, Port au Prince, New York
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous