PSG : la tribune Auteuil, cette inconnue
Des supporters du PSG qui se battent entre eux : l'affaire ne mérite que quelques récits factuels dans la plupart des grands médias qui en rendent compte.
L'article paru ce matin dans le Parisien revient sur les faits d'une manière neutre |
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Le mensuel spécialisé So Foot, a publié un reportage au coeur des incidents. "Les kobistes (supporters de la tribune Boulogne) répondent en faisant des saluts nazis et en chantant à la gloire de leur tribune", décrit le journaliste. Mais à qui répondent-ils ? L'article ne dit rien sur la "tribune Auteuil".
Dans un article publié le 25 février (soit avant l'affrontement) sur Sport Vox, site appartenant au groupe Amaury (propriétaire de l'Equipe, de France Football et du Parisien), l'auteur analyse l'idéologie politique du Kop of Boulogne. "Cranes rasés, autocollants lepénistes placardés sur les murs, Marseillaise ponctuée par des «Bleu Blanc Rouge, la France au français», et pourtant non je ne vous décris pas là un meeting du Front National mais bel et bien l’ambiance du Kop le plus controversé de France. Bienvenue à Boulogne, la seule tribune garantie 100% blanche en France."
Selon nos constatations, Lemonde.fr, est pour l'instant le seul média à livrer un début d'éclairage sur cette rixe : "Des membres de la tribune Boulogne, tendance nationaliste - voire, pour certains, "facho" - contre celle d'Auteuil, la banlieue."
"Auteuil, la banlieue" ? De son côté, le site d'extrême-droite François Desouche confirme en expliquant (en termes fleuris) qu'il "s’agit surtout d’une “incompatibilité culturelle” entre une tribune Boulogne qui accueille un public essentiellement autochtone et la très bigarrée tribune Auteuil dont une grande partie des membres est influencée par la culture des cités."
Pour les plus attentifs, le sujet avait déjà été évoqué ces derniers jours. France Soir s'était entretenu le mardi 23 février avec Philippe Pereira, le porte-parole de la tribune Boulogne. L'intéressé affirme avoir vu "des Supras d'Auteuil en djellabas" lors du déplacement à Lyon le 31 janvier.
Pourtant, dès 2005, Libération tentait de décrypter cette guerre des tribunes. Les différentes sections de la tribune Boulogne étaient passées au crible : "En haut de la tribune, les associations officielles avec, au premier rang, les Boulogne Boys. A l'étage d'en dessous, la section «R2», celle des fachos pur jus, pratiquants assidus du salut nazi et du cri de singe. A divers endroits de la tribune, les «indépendants» et hooligans rompus à la guérilla des stades. Des tribus distinctes, mais une tribune «nationaliste». (...) Noirs et Arabes n'y sont pas les bienvenus, orientés vers d'autres tribunes par les stewards du club eux-mêmes." Puis, quelques lignes plus tard, vient le tour de la tribune Auteuil : "Ses vapeurs de shit et ses groupes ultras plus «cosmopolites et racailleux», dit un habitué. (...) En première ligne: les Tigris Mystics, 500 encartés, considérés comme un «bon groupe» par ses voisins d'Auteuil. Mais un peu trop «hégémonique» et remuant. «Chez les Tigris, il y a des mecs extrêmement violents, aussi cons que ceux d'en face, estime un proche du club. A Boulogne, il y avait des "sales Noirs", des "sales Arabes". Maintenant, on entend aussi des "sales Français".»"
Les supporters d'Auteuil sont-ils "influencés par la culture des cités" ? Sont-ils "cosmopolites et racailleux" ? Assistent-ils aux matches "en djellabah" ? Aucun journaliste d'@si ne fréquentant les matches du PSG, nous sommes incapables d'y répondre nous-même. Mais si le racisme est bien à la base des bagarres entre "Boulogne" et "Auteuil", pourquoi ne pas l'écrire ? Depuis cinq ans, les tentatives similaires à celle de Libé sont rares. Est-ce parce que les hooligans ne sont pas spontanément ouverts aux journalistes ?
(Par Clément Imbert)
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