Pollock or not Pollock ?
Brève

Pollock or not Pollock ?

"Pendant près de soixante ans, peut-on lire dans le New York Times daté du 25 novembre, une petite peinture faite de tourbillons et de taches de rouge, noir et argent a incarné l'hostilité entre deux femmes : Lee Krasner, la veuve de Jackson Pollock, et Ruth Kligman, sa maîtresse."

Ruth Kligman a prétendu jusqu'à sa mort (survenue en 2010) que cette peinture…


… fut créée en guise de preuve d'amour pour elle par Pollock en 1956, quelques semaines avant l'accident de voiture dans lequel il perdit la vie.

"Mais l'oeuvre a été rejetée par un panel d'experts chargé d'établir le catalogue des oeuvres de Pollock pour une fondation créée par Ms. Krasner", continue le NY Times. Il s'agit de la Pollock-Krasner Foundation, qui établit entre 1990  et 1996 le catalogue complet des oeuvres de Pollock.

Avec, en arrière-plan de ce rejet, un soupçon non exprimé de contrefaçon. On voit par là l'étendue du problème qui n'est pas clos malgré le décès des trois parties, Pollock, sa maîtresse et sa femme. Car ce mois-ci l'affaire rebondit telles des gouttelettes de peinture rouge émaillée sur une toile de lin posée au sol. Un expert à la retraite de la police scientifique de New York nommé Nicholas D. K. Petraco, qui enseigne aujourd'hui au John Jay College of Criminal Justice à New York, a examiné la supposée peinture de Pollock à la demande des descendants de Ruth Kligman.


"Considérant l'oeuvre comme s'il s'agissait d'un cadavre sur les les lieux d'un crime, écrit le NY Times, Mr Petraco déclara qu'il n'avait aucun doute concernant le fait que cette peinture a été réalisée dans la maison de Pollock, et qu'elle lui est liée. « J'ai eu des affaires contenant moins d'éléments que celle-ci dans lesquelles des gens ont été envoyées en prison pour vingt-cinq ou trente ans », a-t-il déclaré."

Qu'a trouvé l'ancien détective sur la toile peinte ? Un peu de tout mais surtout, et c'est ce qui a fait pencher la balance, un poil d'ours blanc. Or il se trouve que Pollock possédait, en 1956, une peau d'ours blanc dans son salon. Sauf que cette preuve est, pour Francis V. O'Connor, spécialiste de Pollock à la Pollock-Krasner Foundation, largement insuffisante : la toile a très bien pu être réalisée chez le peintre, sans qu'il en soit l'auteur. Et l'on retrouve ici l'accusation voilée de contrefaçon visant Ruth Kligman.

Pourquoi cette dispute entre un Sherlock Holmes new-yorkais et un pollockologue officiel a-t-elle lieu aujourd'hui ? Quel en est l'enjeu ? L'argent, le fric, la monnaie, les dollars en papier vert qu'espèrent gagner les héritiers de Ruth Kligman. Un tableau "attribué à Jackson Pollock" peut se négocier au prix maximum de 50 000 dollars. Une oeuvre authentique coûte un tout petit peu plus cher : en mai 2013, la salle de vente Christie's de New York a vendu un Pollock daté (et signé) de 1948 mesurant 78.4 x 57.4 cm (deux fois plus grand que le Pollock contesté, donc) pour la modique somme de 58 363 750 dollars.

Ça fait cher le poil d'ours blanc.

Numéro 19 par Jackson Pollock, 1948


L'occasion de lire ma chronique intitulée La beauté du geste où il est question de Pollock, de Picasso et de quelques maîtres calligraphes chinois.

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