Otages : le jour où Sarkozy a parlé trop vite (Le Monde)
Le Monde raconte : "en rentrant d'Afghanistan, Hervé Morin ne cache pas sa colère contre les journalistes, qu'il accuse à la fois d'avoir eu des relations tendues avec les militaires sur place et d'avoir pris trop de risques. A l'Elysée, Nicolas Sarkozy est tout aussi furieux. Selon un conseiller du chef de l'Etat, depuis la prise d'otages, la France a envoyé entre quatre-vingts et cent agents de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) pour tenter de les libérer." Et lorsque " Sarkozy décide de recevoir enfin les familles. L'entretien est éprouvant. Le président est tendu. Agressif. «Nous réglerons nos comptes avec eux, quand ils sortiront», menace-t-il devant les familles accablées. «Mais s'il faut payer, je paierai !», ajoute-t-il brutalement.
"Le 26 février, des agents français ont tenté un rendez-vous avec les ravisseurs. Avant même que l'opération ne soit terminée, le président appelle lui-même les familles des deux journalistes. "Ça y est. Ils sont en marche. Ils sont à quelques heures de nous", dit-il, ravi. Las. L'opération va capoter, du fait des mauvaises conditions météorologiques. Mais l'Elysée ne rappelle pas. Il faudra que les familles téléphonent elles-même à l'Elysée et au Quai d'Orsay pour comprendre que le président a parlé trop vite."
"J'ai toujours pensé qu'il fallait donner les noms, donner leurs visages aux reporters de France 3. Quand on regarde en arrière, la médiatisation des précédentes prises d'otages de journalistes, (...) a été bénéfique." explique Hervé Chabalier de l'agence Capa, qui ajoute "Je n'ai pas compris, d'ailleurs, le choix qu'a fait France 3 de flouter les visages. Je ne critique pas cette décision mais je ne la comprends pas. Surtout dans le contexte actuel du débat sur la burqa ! D'un côté on se bat pour dire que les individus ont un visage et ne doivent pas le dissimuler, de l'autre on masque ceux des otages tout en donnant leurs noms. C'est très troublant."
Le Monde daté du mercredi 28 avril 2010
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