Orlando : les LGBT "invisibilisés" par une partie de la presse
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Orlando : les LGBT "invisibilisés" par une partie de la presse

Les gays et lesbiennes "invisibilisés" ? Plusieurs journaux français qui évoquent en Une la fusillade (50 victimes) dans une boîte de nuit d'Orlando ne précisent pas, dans leurs titres, qu'il s'agissait d'une discothèque gay. À en croire les premières déclarations de l'entourage de l'assaillant (qui aurait prêté allégeance au groupe Etat islamique), le lieu était pourtant spécifiquement visé pour cette raison.

Le Pulse, à Orlando ? Une "boîte de nuit (et un bar) gay", indique explicitement l'établissement, qui arbore sur son logo le drapeau arc-en-ciel. Peu après l'annonce de la fusillade au Pulse, qui a tué au moins 50 personnes, le père de l'auteur présumé de la tuerie (qui assure qu'il "ignorait tout des projets de son fils") a déclaré à NBC News que "son fils avait été choqué de voir deux hommes s’embrasser à Miami, il y a quelques mois, et que cela aurait pu motiver son geste". Ce même auteur présumé aurait, avant de commettre la tuerie, prêté allégeance au groupe Etat islamique, connu pour cibler spécifiquement les homosexuels.

De cet aspect de la fusillade, les spectateurs du 19/20 de France 3, le 12 juin au soir, n'ont pourtant rien su. Le présentateur, qui annonce la fusillade dans ses titres, ne prononce pas une seule fois le mot "gay" (ni LGBT, ni homosexuel). Le sujet qui résume les événements, réalisé par un journaliste de France 3, réussit le même exploit. Il faut enfin attendre le duplex avec une correspondante aux Etats-Unis pour que cela soit suggéré, sans pour autant être dit explicitement : "Son père a réagi en affirmant que cela n'avait rien à voir avec la religion, mais que son fils avait une haine à l'égard de la communauté homosexuelle ces derniers temps". Une précision qui pourra paraître étrange aux téléspectateurs qui ignorent tout, jusqu'alors, du caractère probablement homophobe de la tuerie.

Certains titre de presse semblent faire preuve de la même difficulté à écrire le mot "gay". Aucune allusion à la particularité du Pulse sur la Une du Parisien, ni sur celle de Ouest France (ni en titre ni en sous-titre ou légende) :

Si la plupart des autres titres apportent la précision en sous-titre, seul Sud-Ouest évoque le caractère homophobe de l'attaque en Une :

Une pratique qui tranche avec la presse américaine, où le mot "gay" apparaît dès les gros titres :

Pour le chroniqueur de France Culture Nicolas Martin, qui consacrait sa revue de presse du 12 juin à l'absence du mot gay dans les titres de presse, "cette pratique a un nom, elle est souvent d’ailleurs assez inconsciente: cela s’appelle l’invisibilisation. Un peu comme si au lendemain des attaques de Charlie Hebdo, la presse avait évoqué des «attentats contre des bureaux», ou après l’Hyper Cacher, contre «un supermarché», sans préciser la nature de la cible de l’attaque terroriste."

Lire aussi la chronique de Daniel Schneidermann : Hollande, lapsus dans les tweets

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