Niel et Bouygues renvoyés dos à dos par la justice
Le site internet du journal La Tribune relate, ce mardi 30 août, l'épilogue d'une procédure judiciaire qui aura encombré la justice pour pas grand-chose. Elle opposait Martin Bouygues (propriétaire de Bouygues, TF1 et Bouygues Télécom) à Xavier Niel (vice-président du groupe Iliad, cofondateur de Free), l'un de ses concurrents dans le domaine de l'internet haut débit et bientôt, sans doute, dans celui de la téléphonie. |
Le 15 décembre 2010, Xavier Niel est l'invité de l'émission Good morning business, sur la radio BFM Business. Après douze minutes d'interview, il évoque la concurrence qui se joue sur les deux tableaux d'internet et de la téléphonie, et porte un jugement définitif sur certains de ses concurrents, sans les nommer : "Vous avez un certain nombre d'entreprises qui font du haut débit. Vous en avez une qui est légitime, c'est France Télécom (...) puis à côté de ça, vous en avez d'autres, que moi je considère plutôt comme des parasites, qui sont des copieurs."
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Le journaliste, Stéphane Soumier, suggère lui-même les noms de SFR et de Bouygues. |
"Je qualifie ces acteurs de parasites, mais c'est mon avis. Ça me vaudra une mise en examen", conclue Niel en riant... Une sortie sans doute calculée puisqu'elle n'est pas isolée, comme en témoigne cette vidéo mise en ligne sur YouTube le même jour. On y entend le dirigeant de Free évoquer la concurrence qui "copie", tandis que Free "invente" (le passage concerné débute à 4"17).
Mais c'est bien à la suite de sa déclaration sur BFM que Martin Bouygues a intenté un procès à Niel devant le tribunal de commerce, en lui réclamant un euro de dommages et intérêts et 25 000 euros pour les frais de procédure. Retour de bâton le mois suivant, début 2011, lorsque Niel attaque Bouygues devant la même instance pour des propos tenus dans Les Echos. Propos qu'il est allé rechercher... en décembre 2008. Martin Bouygues estimait à l'époque que "Free est bien plus profitable que Bouygues Telecom. (...) Free serait donc déjà bien inspiré de réduire un peu ses marges sur l'ADSL avant de penser à venir sur le mobile. Et déployer un réseau 3G pour un milliard d'euros, comme l'affirme Free, me paraît impossible, sauf à faire le coucou sur le réseau des opérateurs en place." Le coucou est un oiseau s'appropriant le nid des autres. Voilà qui n'a pas plu à Niel, qui a attaqué Bouygues en justice, lui réclamant à son tour un euro de dommages et intérêts.
Le tribunal de commerce vient de sonner la fin des querelles entre les deux industriels. Condamnés à verser chacun un euro à l'autre, Bouygues et Niel auront donc seulement perdu de l'argent, et du temps. Comme la justice.
(par Julien Lagache)
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