Nick, et ses électrochocs
Brève

Nick, et ses électrochocs

Tout ça pour ça ? La vague déception que l'on ressent, après la grande, la terrififante
 

, la "vous allez voir ce que vous allez voir", soirée de France 2 spéciale électrocutions et hurlements,  ressemble trop aux gueules de bois qui suivent toujours les événements hyper-annoncés, pour ne pas montrer le bout de l'oreille : des prémisses de son buzz, jusqu'à l'apothéose de sa diffusion, cette soirée aura utilisé exactement les mêmes ressorts que la "télé-réalité", honnie, qu'elle prétendait dénoncer. Les fuites organisées, le matraquage, l'orchestration de l'effroi préalable, l'héroïsation de certains participants (cette jeune femme qui soudain, dans la douleur, se rebelle, et refuse de continuer à pousser la manette) et jusqu'à la captation interne de sa propre critique, avec le parodique débat qui a suivi le documentaire.

Christophe Nick prétendait dénoncer la soumission à l'autorité ? Quelle farce ! Oui, le spectacle fut efficace, et illustra bien ce que l'on savait déjà : c'est dur, de désobéir, et l'insoumission est une belle chose. Mais parallèlement, dans une sorte d'émission dans l'émission, de bout en bout, Nick aura tenté de soumettre ses télespectateurs à l'autorité de sa propre démonstration, non pas à coups d'électrochocs, mais à fortes décharges de commentaire sentencieux, et de jargon garanti 100 % scientifique (ah, le fameux "état agentique", revenu cent treize fois dans le documentaire). On était tous dans la cabine, attachés aux canapés, prisonniers du dispositif tout-puissant, baignant dans un étrange entre-deux, quelque part entre le très très grave et le totalement bouffon, et recevant de très douloureuses décharges de démonstrations bidon par un monsieur à barbe blanche. Il aura fallu, hélas, hélas, hélas, que ce soit Morandini, qui dénonce l'arnaque des images des télés internationales censées nous convaincre de l'ampleur du danger : mais non, Chistophe Nick, cette séquence britannique de roulette russe, que vous nous montrez, c'était un prestidigitateur, et les cartouches étaient à blanc !

Quel est le sens de cette soirée ? France-Télévisions-la-vertu voulait nous convaincre que les télés privées sont très méchantes, et qu'on ne paie pas la redevance pour rien. On le savait déjà. Mais il n'était pas question que le débat, comme l'avouait hier l'ineffable Hondelatte, "devienne un débat anti-télé, et je crois que France 2 ne le souhaitait pas non plus". Bref, en ressortant du placard, neuf ans après son apparition en France, l'épouvantail fourbu de la télé-réalité, elle esérait vaguement faire oublier ses violences quotidiennes, son veule suivisme de Besson sur l'identité nationale, ou les cinq lapins punitifs posés à Jean-Luc Mélenchon, pour n'en prendre que deux exemples récents, sur lesquels on attend impatiemment la grande soirée spéciale.

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