Il faut rester prudent. Mais les chiffres, communiqués par Netflix et publiés cette semaine par le New York Times, permettent de se faire une idée un peu plus précise du succès de Netflix, ici ou ailleurs. En France, ils seraient plus de 500 000 à avoir souscrits à l'offre payante depuis l'arrivée de la plateforme de vidéos en ligne dans notre pays, le 15 septembre dernier. 510 000 abonnés, ou 0,7% de la population. C'est plus qu'en Autriche (50 000 abonnés, soit 0,5% de la population), ou en Allemagne (470 000 abonnés, 0,5% de la population) mais moins qu'en Suisse (140 000 abonnés, soit 1,7% de la population), trois pays dans lesquels Netflix a aussi débarqué en septembre dernier.

Le graphique du New York Times

Si ces chiffres sont exacts, Netflix, au bout de quatre mois d'activité en France, disposerait d'un nombre d'abonnés similaire à celui de Canal Play, le service de vidéos en ligne de Canal +, lancé le 13 octobre 2011 (et qui se vantait d'avoir 520 000 abonnés en septembre 2014). Le catalogue de la version française de Netflix n'est pourtant pas fameux. Comme le relève le quotidien, 1686 programmes seulement sont disponibles sur la version française de la plateforme. C'est un tout petit peu plus qu'en Allemagne (1646) mais c'est nettement moins qu'aux Etats-Unis (8522). En France, ni House of Cards, ni Lost, ni Mad Men, si les versions anglaises et américaines de la série The Office ne sont, par exemple, disponibles sur Netflix. En comparaison, le million d'abonnés avait été atteint en moins de six mois, en Grande-Bretagne, après son lancement début 2012. Trois ans plus tard, Netflix compterait outre-Manche 3 330 000 abonnés, soit plus de 6% de la population britannique. Aux Etats-Unis, Netflix compte 37 770 000 abonnés, soit plus de 11% de la population du pays.

Pour conquérir le reste de la planète, Netflix a cependant un plan que l'on pourrait résumer ainsi : investir encore et encore. Selon un rapport de la société américaine Janney Montgomery Scott, le géant américain envisagerait de dépenser 5 milliards en 2016, soit la quasi-totalité de son chiffre d'affaires de 2014. Une petite partie de ces cinq milliards sera allouée à la production et à la diffusion d'une série tournée en France, intitulée Marseille, pour l'instant décrite comme une version méditerranéenne de House of Cards. Avec un tel pitch...

L'occasion de relire notre article : "Comment la ligue tricolore anti-Netflix a renforcé Netflix" et de revoir notre émission : "Netflix, sur le cheval blanc de la neutralité...".