"Mosquée Ground zéro" : comment est née la polémique
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"Mosquée Ground zéro" : comment est née la polémique

La polémique sur la "mosquée de Ground Zero", qui a mis Obama en difficulté politique cet été, a été lancée par une simple blogueuse, alors que les médias les plus conservateurs, comme Fox News, n'y avaient vu, à l'origine, aucun inconvénient. C'est ce que dénonce le professeur d'histoire et écrivain américain Gary Leupp dans Dissident Voice, repris par le blogueur emcee.
Depuis le 11 septembre 2001, « Ground Zero » symbolise le lieu des attentats qui ont détruit les deux tours du World Trade center et couté la vie à 2976 personnes.

En mai 2010, la commission municipale en charge du patrimoine de la ville de New York adopte à l’unanimité le projet de centre culturel musulman de l'association que dirige l'imam Feisal Abdul Rauf. En 2009, cette organisation avait acquis l’usine désaffectée de Burlington dans le sud de Manhattan, pour y construire un centre culturel de 13 étages avec salles de sport, de cuisine et de prières

Selon Gary Leupp, dans la mesure où il y a déjà environ 8 mosquées à Manhattan, et une importante population musulmane dans cette partie très diversifiée de New York, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que l'association ait demandé l'autorisation de démolir l'ancienne usine pour construire le centre.

Seulement, pour certains, ce projet à proximité d’une « terre sacrée », serait intolérable. Depuis juillet, les diatribes s’accumulent, l’ensemble des républicains y allant de son bon mot.

Tim Pawlenty, le gouverneur du Minnesota déclare: "Je trouve que c'est indécent … Du point de vue patriotique, c'est un lieu sacré, et nous devons respecter ce site. Il ne faut pas que des images ou des activités le souillent de quelque manière que ce soit".

Mike Huckabee, l'ancien gouverneur de l'Arkansas, demande dans son émission à FOX, le 4 août: "Même si les musulmans ont le droit de construire, cela ne servirait-il pas davantage les intérêts de la population s'ils se montraient responsables en décidant de ne pas construire?".

Le 16 juillet, Sarah Palin invite sur Twitter les « paisibles New-yorkais » réagir :

"Réfudiez (sic), s'il vous plaît, le projet de mosquée à Ground Zero si vous pensez que cette terrible épreuve infligée au site du WTC est trop douloureuse, trop présente". Modifiant ensuite sa faute d’orthographe, elle va plus loin : "la mosquée de Ground Zero est une provocation INUTILE; ce sont des coups de poignard dans le cœur …"

Le Président Barack Obama réagit le 13 août à l’occasion d’un dîner avec des représentant de la communauté musulmane.

Alors, pourquoi un tel tollé ?

C'est là qu'entre en scène Pamela Geller, qui administre un blog appelé Atlas Shrugs. Elle a écrit un livre sur Obama dans lequel elle prétend que son vrai père était Malcolm X.

Elle dirige une toute petite association délirante appelée: "Stop à l'Islamisation de l'Amérique".

Elle déclare sur son blog:"Il ne s'agit pas dans cette affaire de liberté de culte. Personne ne préconise de limiter le Premier Amendement pour empêcher la construction de la mosquée, et s'opposer à la construction de la mosquée de Ground Zero ce n'est pas contrevenir au premier amendement. Il y a des centaines de mosquées à New York et des milliers dans toute l'Amérique. Il ne s'agit pas de religion. C'est une question de dignité nationale et de respect envers ceux qui ont été assassinés à cet endroit au nom de l'islam".

Et c'est ainsi qu'à la mi-août, un modeste projet d'un groupe musulman US ordinaire, approuvé par le maire de New York et adopté à l'unanimité par le comité municipal de New York, est devenu le prétexte à une offensive générale contre les droits des musulmans dans ce pays.

Qu'est-ce que cela nous apprend sur ce pays? Cela nous apprend que 9 ans après le 11 sept (et un bon paquet de siècles après la Première Croisade), l'islamophobie est omniprésente et sert les politiques.

Le fait est, toutefois, que, selon un sondage publié le 10 août , seuls 31% des habitants de Manhattan se sont dits opposés à la construction du centre culturel! Et seule une courte majorité de l'ensemble des habitants de la ville de New York est contre, le résultat sans doute de cette "polémique" fabriquée de toutes pièces!

Depuis le 11 septembre 2001, « Ground Zero » est "le" symbole de l'agression d'Al Qaida contre les USA. Rien d'étonnant donc, apparemment, si depuis juillet, les diatribes s’accumulent contre le projet d'implantation d'un centre culturel à proximité de cette "terre sacrée", l’ensemble des républicains y allant de son bon mot à l'approche des élections législatives de mi-mandat.

Enumération signée du professeur d'histoire Gary Leupp : "Tim Pawlenty, le gouverneur du Minnesota, déclare: "Je trouve que c'est indécent … Du point de vue patriotique, c'est un lieu sacré, et nous devons respecter ce site. Il ne faut pas que des images ou des activités le souillent de quelque manière que ce soit". Mike Huckabee, l'ancien gouverneur de l'Arkansas, demande dans son émission à Fox, le 4 août: "Même si les musulmans ont le droit de construire, cela ne servirait-il pas davantage les intérêts de la population s'ils se montraient responsables en décidant de ne pas construire?"
Le 16 juillet, Sarah Palin invite sur Twitter les « paisibles New-yorkais » à réagir :"Réfudiez (sic), s'il vous plaît, le projet de mosquée à Ground Zero si vous pensez que cette terrible épreuve infligée au site du WTC est trop douloureuse, trop présente".






Obama
est obligé de réagir le 13 août, à l’occasion d’un dîner avec des représentant de la communauté musulmane. Il réaffirme que "les musulmans ont le même droit de pratiquer leur religion dans ce pays".
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Une "Polémique" Fabriquée de toutes pièces

Pourtant,le projet n'avait suscité aucune opposition depuis ses origines, l'an dernier.

En 2009, l'association que dirige l'imam Feisal Abdul Rauf acquiert l’usine désaffectée de Burlington, dans le sud de Manhattan, pour y construire "Cordoba House", un centre culturel de 13 étages avec salles de sport, de cuisine et de prières.

Selon Leupp, "dans la mesure où il y a déjà environ 8 mosquées à Manhattan, et une importante population musulmane dans cette partie très diversifiée de New York, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que l'association ait demandé l'autorisation de démolir l'ancienne usine pour construire le centre."

"Cordoba House", la Maison de Cordoue, fait référence à " l'Espagne musulmane où les musulmans avaient côtoyé les chrétiens et les juifs." Cette ouverture revendiquée par les initiateurs du projet lui assure une couverture médiatique globalement positive: en décembre 2009, le New York Times y consacre un article plutôt positif, qualifiant l'imam Fesal Abdul Rauf de "constructeur de ponts, parfois plus soucieux de cultiver les relations avec ceux en dehors de sa foi que ceux qui la partagent". Plus étonnant, la journaliste de droite Laura Ingraham, intervenant dans l'émission de Fox News’ "The O’Reilly Factor", interviewe la femme de Rauf, Daisy Khan. La journaliste de la chaine conservatrice se montre enthousiaste: "Je n'ai pas rencontré beaucoup de gens que ce projet dérange, déclare Ingraham. J'aime bien ce que vous cherchez à réaliser."

 

 

En mai 2010, la commission municipale en charge du patrimoine de la ville de New York adopte à l’unanimité le projet Cordoba. C'est le signal de la curée.

Jusqu'alors, personne ne s'était fait l'écho de critiques portées seulement par une certaine Pamela Geller. "Pamela Geller administre un blog appelé Atlas Shrugs, explique Leupp. Elle a écrit un livre sur Obama dans lequel elle prétend que son vrai père était Malcolm X. Elle dirige une toute petite association délirante appelée: "Stop à l'Islamisation de l'Amérique". Dès le 6 mai, elle s'emporte contre cette "insultante et humiliante mosquée géante dans l'ombre des batiments du World Trade Center", qu'elle compare à un "coup de poignard dans l'oeil de l'Amérique (...) marquant un territoire sous domination islamique". Déjà dénonciatrice des articles du New York times, elle publie des dizaines de billets exhortant les internautes à résister au projet. 

Andrea Peyser, journaliste au New York Post, cite l'association de Geller, la qualifiant mensongèrement de "groupe de défense des droits humains". Ce qui a pour effet, explique Leupp, de faire sortir le mouvement contre "la mosquée de Ground Zero" de la blogosphère pour entrer dans les médias traditionnels. Elle dramatise l'affaire, allant même jusqu'à prétendre que le centre a prévu d'ouvrir ses portes le 11 septembre 2011." A cause de ces mensonges, la polémique éclate immédiatement, et s'amplifie après une première manifestation réussie le 6 juin.

Leupp déplore le ton de la controverse autour du projet Cordoba House, "prétexte à une offensive générale contre les droits des musulmans dans ce pays. (...) Cela nous apprend que 9 ans après le 11 septembre (et un bon paquet de siècles après la Première Croisade), l'islamophobie est omniprésente et sert les politiques.

Toutefois, il reste optimiste: "Le fait est, toutefois, que, selon un sondage publié le 10 août , seuls 31% des habitants de Manhattan se sont dits opposés à la construction du centre culturel! Et seule une courte majorité de l'ensemble des habitants de la ville de New York est contre, le résultat sans doute de cette "polémique" fabriquée de toutes pièces!

(Par Nicolas de Saint Meleuc)

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