LVMH : LeMonde.fr dépublie puis republie une tribune critique
Publié lundi 27 octobre à 16h, le texte, signé Jean-Michel Tobelem (professeur à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) dénonce les conditions fiscales avantageuses dont bénéficient, en France, les entreprises qui font du mécénat. Le cas de la fondation Louis Vuitton est, à ses yeux, emblématique. "Bernard Arnault, qualifié par certains de prédateur sans scrupules, assoiffé de richesses et tenté par l’exil fiscal en Belgique, devient par la magie du mécénat un protecteur admiré et désintéressé des arts et de la culture. Cette affirmation doit être nuancée", écrit Tobelem. Cette tribune a longtemps été inaccessible ce matin, avant d'être remise en ligne à 11h14. C'est le compte Twitter de "Louvre pour tous" (site d'information sur les musées, qui s'interroge régulièrement sur leurs missions de service public) qui, le premier, a soulevé le problème.
Joint par @si, Tobelem, a lui aussi été averti par les internautes. "J'ai envoyé deux courriels, un premier au service "Opinions" du Monde.fr et un second au médiateur en leur demandant si c'était un problème technique ou autre chose. Un journaliste m'a rappelé quelque temps après". "On voulait vérifier un point", lui a-t-il alors été précisé.
Le point en question ? Le troisième paragraphe de son texte où il est question d'optimisation fiscale : "L’entreprise se situe dans une perspective d’optimisation fiscale et fait payer par l’ensemble des Français plus de la moitié du coût de la fondation, qui dépasse très largement les 100 millions d’euros annoncés. Dans une période de disette budgétaire, le coût pour le trésor public est loin d’être négligeable", estime Tobelem. En effet, les entreprises assujetties à l'impôt sur le revenu ou sur les sociétés (et LVMH, numéro 1 mondial dans le domaine du luxe, l'est sans aucun doute) peuvent bénéficier d'une déduction fiscale égale à 60% du montant du don dans la limite du plafond de 5% du chiffre d'affaires annuel.
Egalement contacté par @si, Marc Olivier Bherer, journaliste au service Débats du Monde nous a, dans un premier temps, répondu que le problème était d'ordre technique ("On a changé récemment de logiciel") avant de nous confirmer qu'il y avait effectivement, un point d'achoppement : "On a eu une interrogation sur le texte, j'ai appelé l'auteur, on en a discuté et on a remis le texte en ligne". Tobelem a une autre théorie : "Les journalistes ont certainement mesuré les dommages que cela aurait pu occasionner, en terme de censure ou d'étanchéité, entre la régie publicitaire et le journal. Ils ont mesuré qu'il y avait une erreur, une maladresse et ils l'ont remis".
L'occasion de relire deux papiers sur les relations (plutôt cordiales) entre LVMH et les médias : "La Samaritaine : les médias au diapason de LVMH" et "Bernard Arnault et l'Oiseau de verre du Bois de Boulogne".
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