L'Equipe : "on s'est pris une paire de claques"
A l'origine de la polémique, deux unes (@si en a parlé ici et là) : "Paris met l'OM à genoux", dans l'édition nationale de l'Equipe contre "l'OM méritait mieux", dans l'édition sud-est, diffusée à Marseille. Deux titres un brin contradictoires qui semblaient dévoiler le jeu de L'Equipe : vendre du papier à tout prix, quitte à faire la girouette pour mieux coller aux attentes de ses lecteurs. Quatre jours plus tard, au lendemain d'un nouveau match PSG-OM, surprise dans les kiosques, l'Equipe a la même manchette partout en France : "Ibra [Ibrahimovic, l'attaquant du PSG, ndlr] a l'OM dans le nez". Le quotidien a-t-il revu sa politique éditoriale ?
"Honnêtement, si produire des unes régionalisées faisait vraiment vendre beaucoup plus de papier, on le ferait tous les jours", se défend Fabrice Jouhaud, contacté par @si. Pour le directeur des rédactions de l'Equipe, il n'existe pas de "formule magique", et ces doubles unes ne sont régies que par la volonté d'éviter un point de vue "parisianiste" de l'actu sportive. Adapter sa manchette en région est l'une des solutions, mais pas la seule. Hier par exemple, avant le match, la rédaction envisageait à nouveau une double une, mais le projet a été abandonné après la rencontre. "Tout dépend du titre qu'on trouve, on essaye de trouver des titres qui fonctionnent partout en France. Hier, après le match nous avons trouvé un titre, qui fonctionnait partout en France, donc on a changé nos plans", raconte Jouhaud. Cette façon de faire correspond aussi à une nouvelle réalité : les lecteurs seraient, de plus en plus, des supporters. "Ils veulent les infos sur leur équipe, moins sur le championnat. Cela a changé, il y a dix ans on vendait plus en sortant le même journal partout en France", complète le boss des rédacs du quotidien.
Jouhaud s'étonne en outre de la levée de boucliers, suscitée par la une de lundi. "On s'est pris une paire de claques. On essaye de faire hyper gaffe quand on choisit deux titrailles. Elles doivent marcher dans les deux régions et ne pas se contredire. Peut-être que celle de lundi était un peu limite mais, sur le moment, on ne s'en est pas rendu compte". Et au-delà du côté anecdotique, le débat ouvert par cette polémique a, selon lui, le mérite de poser de bonnes questions. "Faut-il tout essayer pour vendre du papier ? En France, ça reste tabou de vouloir vendre. Est-ce qu'un journal peut avoir plusieurs opinions pour s'adapter à son lectorat ? C'est une question que nous nous posons souvent", conclut Jouhaud.
Lire aussi la chronique de Daniel Schneidermann: Merci L'Equipe
(Pierre Labrunie)
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous