Le juge Garzon "exécuté" (presse espagnole)
Brève

Le juge Garzon "exécuté" (presse espagnole)

Baltasar Garzón, le plus célèbre juge espagnol, a été condamné hier à onze ans d'interdiction d'exercer. C'est la fin de sa carrière. La justice a considéré comme illégales des écoutes de conversations entre des avocats et leurs clients emprisonnés, commandées par le juge dans l'enquête Gurtel, une affaire de corruption et de trafic d'influence touchant le Parti Populaire (PP, droite) en 2009.

C'est le quotidien El Pais qui a révélé l'affaire Gurtel : un système de corruption d'élus mis en place par Francisco Correa, un entrepreneur qui aurait bénéficié de marchés publics dans plusieurs régions, en échange de faveurs ou de pots de vins versés à des membres du PP. Les sommes détournées dépasseraient 43 millions d'euros. La corruption aurait été teintée de financement illégal de parti politique, entraînant la démission de plusieurs responsables politiques de droite.

Paradoxe, le juge qui a enquêté sur l'affaire est condamné, alors que l'un des suspects les plus en vue, Francisco Camps, ex-président de la région de Valence, vient lui d'être acquitté, malgré des témoignages accablants sur ses relations avec Correa. Camps avait dû démissionner en juillet 2011 de ses fonctions, sous la pression de son propre parti le Parti Populaire.

Garzon s'est fait connaître pour ses enquêtes sur ETA, mais aussi sur les Gal, des groupes clandestins de mercenaires créés par le gouvernement socialiste pour combattre les séparatistes basques dans les années 1980. Il avait aussi obtenu en 1998 l'arrestation à Londres de l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet. Il était suspendu de ses fonctions depuis mai 2010. Vu son âge, 56 ans, la sentence de onze ans d'interdiction d'exercice met fin à sa carrière. Il ne peut pas faire appel de cette condamnation par la Cour suprême, qui considère que Garzon savait que ces écoutes étaient illégales (alors que le juge avait exclu du compte-rendu des écoutes tout ce qui ne concernait pas directement l'affaire). Garzon peut nénanmoins déposer un recours devant le tribunal constitutionnel. Il fait par ailleurs l'objet de deux autres procédures. L'une pour avoir tenté d'enquêter sur les disparus sous la dictature du général Franco, ce qui serait une infraction à la loi qui a amnistié tous les crimes politiques commis pendant cette période, et l'autre où il est accusé d'avoir touché de l'argent d'une banque espagnole pour des conférences sur le terrorisme, ce qui l'aurait poussé à rejeter une plainte déposée contre la banque.

"Exécuté", titre le quotidien de gauche Público, sous une petite photo, dans une immense page blanche. "La Cour suprême condamne Garzon à 11 ans d'interdiction d'exercer, estimant que les droits de la défense ont été systématiquement violés dans l'affaire Gurtel. La gauche critique la décision, la droite applaudit. Les juristes considèrent que ce jugement aura des effets pervers", indique le texte à la Une.

"Interdiction d'exercer pendant 11 ans pour ses méthodes totalitaires", titre le quotidien conservateur ABC, qui n'a pas de mots assez durs pour Garzon. "L'ex juge Garzon", résume La Vanguardia

"Garzon paie pour Gurtel", titre El Periodico. "La Cour suprême renverse Garzon", souligne Ideal.

"Garzon condamné pour les écoutes illégales de Gurtel", titre Las Provincias. "La Cour suprême expulse le juge Garzon de la carrière judiciaire", titre Cordoba, qui montre une photo de la manifestation en faveur du juge.

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