Le gréviste de la faim n'avait pas mangé de hamburgers : excuses de la presse britannique
Brève

Le gréviste de la faim n'avait pas mangé de hamburgers : excuses de la presse britannique

Un Tamoul sri-lankais, qui avait mené une grève de la faim en 2009 devant le Parlement britannique, a gagné son procès, aujourd'hui, contre des journaux britanniques qui l'accusaient d'avoir rompu son jeûne en mangeant des hamburgers en cachette. Les tabloïds The Daily Mail et The Sun devront verser à Parameswaran Subramanyam des dommages et intérêts pour le préjudice subi, selon l'AFP.

En avril 2009, avait mené une grève de la faim pendant 23 jours, devant le Parlement britannique, afin de protester contre la situation de la minorité tamoule au Sri Lanka. D'après le Guardian, il s'était décidé à stopper la grève après avoir reçu une lettre du secrétaire des affaires étrangères lui expliquant que le gouvernement britannique faisait des efforts considérables pour imposer un cessez-le-feu sur son île. Il avait alors été hospitalisé pendant 5 jours.

Pourtant le Daily Mail et le Sun avaient affirmé, 6 mois plus tard, le 9 octobre 2009, qu'il avait mangé des hamburgers en catimini pendant sa grève de la faim.

"Bien que ses actions lui aient valu le soutien et l'admiration de beaucoup de Tamouls, leur affection se transforma en animosité en octobre 2009 après un article du Daily Mail qui prétendait faussement que Subramanyam avait brisé sa grève en mangeant des hamburgers et avait été pris en faute par une caméra de surveillance de la police. Ces allégations ont été reprises dans un article publié sur le site Internet du Sun intitulé: "Hunger Striker Was Lovin' it" ( ndlr: en référence au slogan du Mc Donalds)", explique le Guardian.

Après ces révélations trompeuses,Subramanyam aurait même reçu des menaces de mort de la part de sa communauté ,qui s'estimait trahie: "J'ai été l'objet de menaces de morts et, dans la communauté tamoule, des textos circulaient disant «Tuons Parameswaran»", a-t-il indiqué à l'AFP.

Lors du procès, le juge de la Haute Cour de Londres a déclaré: "Le plaignant n'a consommé aucune nourriture durant la totalité de sa grève de la faim. Les articles (des journaux) ont heurté l'intégrité du plaignant", d'après l'AFP. Il a ajouté que M. Subramanyam avait été "exclu" par sa communauté qui estimait qu'il avait "trahi" la cause tamoule. Par conséquent, The Daily Mail et The Sun devront lui verser près de 80 000 livres (95 000 euros) de dommages et intérêts.

Aujourd'hui, sur les sites Internet des deux journaux, on trouve des excuses adressées à Subramanyam.

Celles du Sun sont très visibles: elles occupent quasiment toute une page et sont agrémentées d'une grande photo, qui montre clairement un gréviste affaibli, que l'on n' oserait décemment pas suspecter de triche aux hamburgers...

Le tabloïd bat sa coulpe: " Nous reconnaissons que ces allégations sont totalement fausses. Mr Subramanyam dont l'unique but était de défendre la cause Tamoul, n'a pas mangé de nourriture du tout durant sa période de grève. Nous nous excusons auprès de M.Subramanyam et de sa famille pour l'inquiètude et la gêne occasionnés et nous lui payons des dommages et intérêts substentiels", est-il écrit après un rappel des faits.

Le Sun s'excuse de façon très visiblepicto


picto Le Mail Online sera beaucoup plus sobre, l'article passerait même inaperçu.

Six lignes, intitulée "Parameswaran Subramanyam": à première vue, on ne se douterait pas qu'il s'agit d'excuses.

 

Après un rappel des faits, il est précisé:"Nous reconnaissons maintenant que ces allégations étaient fausses et, nous, ainsi qu'un autre média, avons accepté de payer des dommages et intérêts et nous sommes excusés auprès de M. Subramanyam pour le stress et la gêne occasionnés".

(Par Julie Brafman)

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