Le Caire : chasse aux journalistes (Télérama)
"3 février au matin, (...) une équipe de France 2 décide de quitter le périmètre de la contestation pour aller voir ce qui passe ailleurs dans la ville. (...) Ils y rencontrent une population de cairotes pro-Moubarak qu'ils interviewent pendant une heure. (...) L'ambiance est détendue. Le sujet est simple et éclaire la situation sous un jour nouveau : la place Tahrir n'est pas l'Egypte. L'effet grossissant de la loupe médiatique s'estompe. Tous les Egyptiens ne rêvent pas de renverser Moubarak." "Les journalistes finissent de tourner leurs images, (...)Tout est calme. Soudain, un vieil homme intervient. Il est agressif. Il arrache la caméra des mains du JRI égyptien. Les journalistes pensent que les gens qu'ils viennent d'interviewer vont les défendre. Pas du tout. (...) Les coups pleuvent. Les caméras sont pulvérisées. (...) Pendant que la foule s'acharne, les journalistes s'enfuient en voiture." Une autre équipe de France 2 revient d'un reportage à Suez (...) Renaud Bernard, Tristan Le Braz, Nicolas Berthelot et leur fixeuse égyptienne sont braqués par trois hommes (...) Ils sont maintenant sept dans la voiture. L'un des assaillants tire un coup de feu, tandis qu'un autre prend le volant. (...) La voiture finit par percuter de plein fouet trois Egyptiens qui gardaient un barrage. (...) Une foule les entoure. (...) Lynchage. Pluie de coups et de cris. Nicolas Berthelot prend un coup de sabre sur la tête. Tristan Le Braz, un coup de hachoir sur le front. Aidés par quelques Egyptiens qui prennent leur parti, ils s'enfuient dans un immeuble. |
"Dans le bâtiment, désespéré, Nicolas Berthelot appelle au secours l'autre équipe de France 2, (...) Le Quai d'Orsay appelle le gouvernement égyptien. Une escouade de l'armée se rend dans l'immeuble (...) pour finalement exfiltrer les journalistes et les envoyer à l'hôpital du Caire."
Jeudi : "La direction du Hilton décide d'expulser les journalistes. Motif invoqué : des groupes de touristes arrivent ! (...) Dans les couloirs et les salons de l'hôtel, l'ambiance tourne au pugilat entre des journalistes et le personnel, de plus en plus agressif. Mouvements de panique, rumeurs d'assaut. (...) Jeudi soir, vers 19h, les journalistes appellent en dernier recours leur chancellerie. Les journalistes français contactent le Quai d'Orsay. (...) Magie : une demi-heure plus tard, des chars et des transports de troupes de l'armée égyptiennes sécurisent le périmètre autour de l'hôtel. Il a suffit de quelques coups de fil pour régler le problème."
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