Difficile de faire moins bling-bling que les militaires. Les généraux ne vont pas à la télévision. Ils ne tiennent pas de conférences de presse. Ils ne posent pas pour des doubles pages dans Match. Ils ne citent pas Nietzsche à Christophe Barbier. Ils ne publient pas de livres-confessions. En surface, ils sont irrepérables. En creux, aujourd'hui, ils apparaitraient donc presque sympathiques, à tous ceux qu'étouffe le paganisme glacial du bling-bling.

Mais dans les profondeurs, ça s'agite. Et un forfait de plus, au passif d'Internet ! Tout un monde de sites, de blogs, de listes, de retraités, transmet valeurs, récriminations et revendications. Les scènes fondatrices du désamour, celles que tait soigneusement le 20 Heures, y circulent et s'y perpétuent, comme paroles d'évangiles dans les catacombes. Le jour où Il ne leur a pas dit bonjour. La réunion où ils n'ont pas chanté La Marseillaise, bien qu'Il le leur demandât. La cérémonie où Il leur a balancé quinze médailles pour le prix de dix, comme on jette des os aux chiens. C'est ce monde de récits souterrains, qui se trouve ce matin projeté à la Une, sous les projecteurs déformants des éditorialistes.

Celà ne veut pas dire qu'il faille adhérer aveuglément à ces revendications, comme à des paroles d'évangile. Si douloureux que ce soit pour les villes et les régions concernées, fermer des garnisons en Lorraine n'est pas une hérésie en 2008. Simplement, avec la démission de Cuche, il semble bien que l'Armée soit entrée, à son tour, dans le concert. Il n'est pas sûr qu'on arrive à l'en déloger.