Lagardère à Google : "prédateur !" (blog)
Les Etats généraux de la presse écrite se tiennent toujours,
à huis clos. Mais parfois, l'un des participants raconte une rencontre qui s'y déroule, et c'est passionnant. C'est ce
que vient de faire Eric Scherer, directeur des analyses stratégiques et des
partenariats de l'AFP, sur Mediawatch, le blog de l'agence consacré aux "nouveaux
médias".
Scherer raconte une réunion qui s'est tenue hier dans le pôle
"Presse et numérique", dirigé par le directeur de France Culture Bruno
Patino. Elle a donné lieu à un formidable dialogue de sourds entre les patrons
de presse et le dirigeant de Google News, l'Américain Josh Cohen, qui tentait
de "vendre" son produit comme une solution à la crise de la presse.
Cohen a été reçu au canon par des dirigeants de
médias aux abois, pris à la gorge par la chute continue de la publicité. "Pour
tous les éditeurs, quelque chose s'est brisé ces derniers mois dans notre
relation avec Google, a ainsi estimé le responsable de la régie pub
du Figaro. Nous ne demandons pas la pitié, mais un meilleur partage des
revenus. C'est comme cela que nous comprenons notre partenariat" sur
la publicité en ligne.
Tout était dit. Les groupes de presse attendent que Google
News, qui recense la quasi-totalité des articles disponibles sur leurs sites,
leur verse plus d'argent. Le directeur numérique de Lagadère Active (qui gère
les sites de Paris-Match, du JDD ou d'Europe 1), s'est même fait
menaçant: "par temps de crise, votre modèle d'affaires est devenu
prédateur. Le modèle de prix (de la pub en ligne) menace actuellement tout le
monde". "Lagardère n'est pas loin de porter l'affaire à Bruxelles",
a-t-il ajouté.
Cohen a rappelé que la
moitié du trafic sur les sites de presse provenait de
"l'extérieur" (flux RSS, liens vers un article, moteurs de recherche)
et que Google news travaillait pour "mieux trouver" tous les articles des journaux. Ce qui permettrait aux sites de presse de rassembler plus de lecteurs non familiers des journaux... "Chaque mois, nous renvoyons du trafic à hauteur de plusieurs
centaines de millions de visites sur vos sites. Nous approchons du
milliard!", a rappelé Cohen, en martelant que personne ne peut "résoudre
le problème de la baisse de la diffusion des journaux" et que la seule
solution était de changer de business model.
Conclusion fataliste de Patino : "L'écosystème
des news est en train de mourir. Et ce que nous entendons aujourd'hui signifie
que nous sommes donc livrés à nous-mêmes."
Pour comprendre pourquoi nous n'avons pas pu raconter cette rencontre par
nous-même, relisez comment
Nicolas Princen nous a fermé la porte des Etats généraux.
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous